Les finances publiques françaises en péril

Avec une unanimité inhabituelle, toutes les corporations touchées par la crise sanitaire, et donc, économique, se tournent vers l’Etat, et donc ses contribuables, pour appeler à l’aide. Les tribunes se multiplient dans la presse où sont publiées des lettres ouvertes au président de la République où chacune explique pourquoi il faut la sauver de la faillite.

Et l’Etat distribue des sous sans compter, « quoi qu’il en coûte » comme disait son chef il y a peu. Les prévisions de récession pour l’année 2020 varient entre -8 et -11% du produit intérieur brut (PIB) contre +1,5% en 2019. C’est colossal et des dispositifs d’urgence ont été mis en place pour soutenir l’économie (entreprises et individus) avec de l’argent public sous forme de dons ou de prêts. Pour le moment seuls les dons ont un impact sur les dépenses budgétaires, les prêts en auront plus tard s’ils ne sont pas remboursés, ce qui est hélas très probable pour nombre d’entre eux.

Certains secteurs ne vont pas se remettre de cette crise et devront être lourdement restructurés compte tenu des changements à attendre dans les habitudes de consommation. Les soutenir aujourd’hui c’est probablement reculer pour mieux… tomber plus tard. Espérons que le concept de « destruction créatrice » cher à Schumpeter va se révéler correct même en ces circonstances inattendues.

La distribution d’argent public permet en tout cas de maintenir à flot une économie sérieusement choquée par le petit virus. Les soutiens financiers du contribuable ne pourront pas durer éternellement à ce niveau. Pour le moment la République pare au plus pressé mais le réveil risque de s’avérer douloureux, et ce dès la rentrée.

Le gouvernement a présenté une troisième loi de finances rectificative pour l’année 2020 : les dépenses augmentent, les recettes baissent et les déficits explosent. De -93 milliards dans la loi de finances initiale, ces derniers passent à -222. Comme souvent, la France a démarré cette nouvelle crise en plus mauvaise situation financière que les pays avoisinants comparables, va dépenser plus d’argent public durant cette crise, et va donc se retrouver encore en queue de peloton en sortie de crise. Cela semble être son destin.

Pour le moment l’Etat arrive à emprunter pour financer cette déroute…