FINKIELKRAUT Alain, ‘L’identité malheureuse’.

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Sortie : 2013, Chez : Stock.

Alain Finkielkraut, philosophe-écrivain, ressasse dans ce court essai, surchargé de citations littéraires et philosophiques, toutes ses obsessions sur l’identité française en voie de dissolution dans le multiculturalisme provoqué par une immigration qui modifie de façon significative ces dernières décennies le peuplement et les modes de vie de France et du reste de l’Europe.

Lui-même, né en 1949, fils d’immigrés juifs polonais arrivés en France dans les années 1930′, ayant bénéficié avec ses parents d’une naturalisation collective de l’Etat français en 1950, s’est intégré dans le système républicain et en a franchi les étapes réservées à l’élite : Ecole normale supérieure, agrégation de philosophie, professeur dans les plus grandes écoles en France ou aux Etats-Unis… Finkielkraut fait part de son effarement devant les changements de la société française en ce début de XXIème siècle peuplé de bobos, de business, de publicité, de désintégration du « vivre-ensemble » par l’intrusion de préceptes religieux musulmans…

Le diagnostic est sombre : la laïcité républicaine est balayée dans les banlieues, la mixité est contestée par une minorité agissante, l’identification à la nation française est abandonnée, la langue française est jetée à la poubelle, la culpabilité d’un passé honteux tient lieu de philosophie de l’Histoire, la littérature classique est massivement abandonnée par la jeunesse au profit des smartphones (Péguy vs. Facebook), le sens du respect est délaissé par des minorités contestant l’ « humiliation » dont elles sont victimes, etc.

L’analyse faite par le philosophe de la situation actuelle séduit mais il ne va guère au-delà de cette longue lamentation sinon en clamant que « c’était mieux avant ». Oui c’était mieux avant que les comportements religieux n’envahissent la République, oui c’était mieux avant que Nabilla remplace Zola dans le cœur de la jeunesse, oui c’était mieux avant quand les enfants disaient « oui Monsieur » à leur maître d’école, oui… mais nous sommes après, et la génération des Finkielkraut doit aussi assumer sa part de responsabilité dans ce que nous sommes devenus collectivement. Et maintenant il faut bien s’en sortir car on ne reviendra probablement pas avant !

La colère et l’amertume ne sont pas bonne conseillères, elles ne conseillent d’ailleurs rien du tout M. Finkielkraut. La lecture de l’ « Identité malheureuse » le confirme, si besoin en était.