PSICHARI Ernest, ‘Le Voyage du Centurion’.

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Sortie : 1922, Chez : Editions Louis Conard / Le Livre de Poche Chrétien.

Petit fils d’Ernest Renan, mort pour la France sur le front de Belgique, Ernest Psichari (1883-1914) est un homme de son temps qui a suivi le cheminement intellectuel de nombre de ses contemporains. Etudiant en philosophie à la Sorbonne, il suit les cours de Bergson au Collège de France, il est inspiré par Charles Péguy puis par Charles Maurras et Maurice Barrès, publie des études philosophiques, attente plusieurs fois à ses jours, se rapproche de la droite nationaliste et s’engage finalement dans les troupes coloniales après avoir renoncé à son idéal antimilitariste.

Ce récit, largement autobiographique, relate sa conversion au catholicisme durant ses séjours d’officier au Sahara. A la tête de sa harka de soldats maures au début du Xxème siècle, Maxence représente et affirme l’autorité française dans l’immensité des sables, au besoin les armes à la main lorsqu’il faut soumettre les rebelles. Lors de ses long moments de solitude, sous la voute étoilée du ciel sans fin du désert, il médite sur le pouvoir des occidentaux, sur les peuplades soumises, sur leur religion musulmane et, petit à petit, il mène un dialogue intérieur avec Dieu et son fils Jésus, au cœur du silence saharien :

Le silence est un peu de ciel qui descend vers l’homme. Il vient des grands espaces interstellaires, des parages sans remous de la lune froide. Il vient de derrière les espaces, de par-delà les temps, – d’avant que furent les mondes et de là où les mondes ne sont plus. Que le silence est beau !

Toujours plus loin dans le désert et toujours plus haut vers le mysticisme, entre adoration de Dieu et pitié de lui-même, Maxence va enfin rejoindre l’objet de ses dévotions et de son espérance : « Mais quoi ! Seigneur, est-ce donc si simple de vous aimer ? »

Ce court récit est fascinant par la ferveur de ce soldat de Dieu et de la France qui tangente l’absolu au milieu du Sahara, ce désert qui à force d’inspirer tant de mysticisme aux hommes qui le foulent les rapproche de leurs Dieux.