La France s’émeut

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L’amitié russo-malienne : une vague de fond ancienne

La France s’émeut encore une fois de la montée en puissance politique et militaire de la Russie au Mali ainsi que de la mauvaise humeur de ce pays à l’encontre de Paris. Les coups d’état en 2020 et 2021 ont mis au pouvoir à Bamako une junte de galonnés dont la stratégie semble être de négocier avec les terroristes religieux pour trouver un accord avec eux et de coopérer avec la Russie pour une assistance militaire renforcée. Dans le même temps, la énième brouille algéro-française fait qu’Alger interdit le survol de son territoire aux avions militaires français compliquant ainsi le ravitaillement des forces militaires françaises présentes dans le Sahel.

La France a déployé son armée au Mali début 2013, à la demande du gouvernement civil malien de l’époque, pour arrêter des colonnes rebelles nordistes, mêlant indépendantistes touaregs et islamistes, qui fondaient sur Bamako et auraient très certainement pris le pouvoir sans l’intervention étrangère de la France compte tenu de la capacité de résistance plutôt limitée des forces locales. Près de dix ans plus tard, 53 militaires français tués (sans compter des otages civils français également assassinés dans la région) et deux coups d’état militaires, Paris a annoncé la réduction de son dispositif armé sans oser prononcer la fin de ses opérations militaires et le retour de ses effectifs au bercail.

Aujourd’hui les planètes sont alignées pour arrêter cette intervention : le Mali n’en veut plus, l’Algérie interdit le survol de son territoire, très peu d’autres pays européens soutiennent l’action de la France, pas même financièrement, la fiction du « G5 Sahel » censé mettre sur pieds une force africaine multinationale a fait long feu et la Russie se réjouit de prendre la place. Il est temps de laisser Bamako face à ses responsabilités et ses nouveaux amis.

L’argumentation des interventionnistes français est qu’en luttant contre les terroristes au Sahel, l’armée française évite que ceux-ci ne viennent commettre leurs méfaits sur le territoire national. Ce n’est pas très convaincant, on ne sait pas bien d’ailleurs ce qu’en pense réellement les militaires français qui ne s’expriment pas beaucoup. C’est la rengaine déjà entendue « meurt-on pour la France au Mali ? ». Cependant, ramener les forces d’intervention en France permettra de renforcer le dispositif national avec le même objectif de le préserver d’actions terroristes venant de l’étranger. Il n’est pas sûr que cela soit moins efficace que de maintenir ces troupes sur des territoires dont les populations les rejettent. De toute façon il est peu probable que Paris se maintienne contre la volonté du Mali alors accélérons le mouvement et fermons l’intégralité de l’opération Barkhane et laissons le Mali assumer son retour à une coopération avec Moscou.

Les autres pays sahéliens associés et bénéficiaires de Barkhane comme le Niger et le Burkina-Faso regretteront peut-être le retrait de la France mais la raison d’Etat oblige à trouver d’autres méthodes, pour aider les pays qui le souhaitent, qu’une présence militaire sur leur sol qui est forcément condamnée à l’échec puis à un retrait piteux.

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