La loi du marché à l’épreuve dans le secteur de l’hôtellerie-restauration

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L’un des effets collatéraux de la pandémie actuelle de Covid19 est une redistribution des cartes dans le secteur économique de l’hôtellerie-restauration. La fermeture de ces établissements durant les périodes de confinement a mis en chômage partiel l’essentiel de son personnel dont les salaires ont été payés par les contribuables dans le cadre de la stratégie du « quoi qu’il en coûte ».

A la réouverture des établissements, une partie du personnel a refusé de revenir dans ces emplois, souvent physiquement pénibles et peu rémunérés. Le secteur explique qu’il compte 270 000 postes actuellement non dotés. Du fait de cette situation, la capacité hotellière et restauratrice a globalement baissé par fermeture de chambres d’hôtel et diminution des services dans les restaurants. C’est mathématique et le secteur s’adapte.

Nous sommes dans une économie libérale qui ne sait pas obliger des citoyens à travailler dans une activité contre leur volonté. Comme il semble que la demande des consommateurs reste à peu près au même niveau qu’avant le début de la crise, la loi du marché implique que l’offre s’adapte et que le secteur recrute pour satisfaire cette demande et, probablement, améliorer les conditions de travail et de rémunération pour le rendre à nouveau attractif. Des négociations ont été initiées avec le secteur et auraient abouti à une augmentation moyenne des rémunérations de 16%.

Les syndicats ont manifestement eu quelques arguments à faire valoir pour obtenir cette amélioration dont on verra assez vite si elle motive 270 000 salariés à revenir vers le secteur. La question qui n’a pas été vraiment comprise c’est où sont passés les 270 000 employés qui n’avaient pas réintégré les hôtels et restaurants ? A priori ils avaient trouvé un refuge suffisant sécurisé (aides publiques ou autres emplois ?) pour garder leurs moyens de pression sur leurs anciens employeurs sur le thème : « si les salaires n’augmentent pas nous ne revenons pas ».

Ce fut plutôt bien joué et les règles habituelles de Monsieur le Marché ont joué normalement, comme il se doit en économie plus ou moins libérale. Il est vrai que l’intervention publique a permis aux salariés d’être rémunérés par les contribuables et de tenir pendant la période de fermeture. S’ils avaient été licenciés sans salaire durant le confinement leur position de négociation aurait probablement été moins forte mais tel ne fut pas le cas.

On verra assez vite si cette augmentation générale des rémunérations de 16% suffit à faire revenir au bercail les salariés évadés et si elle va également se traduire par une augmentation des prix des chambres et des plats, ce qui va probablement arriver. Le secteur s’ajuste, les coûts de production augmentent et cet accroissement sera absorbé par l’augmentation des prix de vente et/ou la baisse des marges. Il va y avoir un nouveau partage de la valeur ajoutée, lisez « Salaires, prix et profits » de Marx si vous souhaitez comprendre comment fonctionne ces équilibres.