Mais de quoi se mêle-t-on en Centrafrique ?

On le sait, une société militaire russe plus ou moins privée dénommée « Wagner » opère en République Centrafricaine (RCA), ancienne colonie française. La France maintient également sur place un contingent militaire qui tente de s’interposer entre forces « loyalistes » et bandes « rebelles » pour limiter l’ampleur des massacres auquel ce pays est habitué depuis des décennies.

L’Union européenne s’apprête à prendre des sanctions contre Wagner pour « déstabilisation » de la RCA et on s’interroge sur la logique de cette démarche. Si les mercenaires russes remplacent les forces françaises (aidées pour le moment par quelques troupes d’autres pays européens) c’est une occasion inespérée pour les Français de quitter ce bourbier, pourquoi faudrait-il s’en plaindre ? Bien sûr, si la Russie prend le pouvoir en Centrafrique on peut craindre que les quelques matières premières centrafricaines, mal exploitées pour le moment, devraient plutôt prendre la direction de l’Empire russe que de l’Europe de l’Ouest, mais en réalité elles seront vendues sur le marché à qui les paye au prix d’équilibre.

Il est probable que Paris a poussé à la décision de sanctions européennes compte tenu de son implication dans ce pays depuis son « indépendance ». Rappelons pour les plus jeunes qu’après la pantalonnade de « l’empereur Bokassa » un officier français membre des services secrets, le commandant Mancion, a, pendant une bonne dizaine d’années, commandé la garde présidentielle centrafricaine en exerçant un pouvoir qui en faisait un quasi-« proconsul ». La France avait fait de ce pays son arrière-cour dirigée par ses services secrets et son armée, tout en prônant, bien sûr, l’organisation d’élections démocratiques… L’effondrement actuel de ce pays montre que ce ne fut pas une bonne méthode.

Paris n’est certainement pas la mieux placée pour s’impliquer dans l’avenir de la RCA ou y contester la présence de la Russie ou d’autres puissances étrangères ! Alors laissons faire les choses comme elles doivent se dérouler et mettons fin à la présence militaire française en RCA, qui est par ailleurs rejetée par la population locale. Paris fera ainsi des économies budgétaires et mettra fin à 70 ans d’errements néocoloniaux, tout le monde s’en portera mieux.

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La Centrafrique est le concentré de tous les vices et les dérives d’une décolonisation ratée. Il est temps de tourner la page et Moscou déploie pour Paris le tapis rouge vers la sortie, empruntons-le sans hésiter.