Voici bientôt cinq ans que les électeurs français ont élu un jeune président qui promettait monts et merveilles au pays et, surtout, de mettre fin au « monde d’avant », celui des compromissions politiques, des partis à organisation idéologique et verticale, des réformes ensuquées dans l’immobilisme national, des déficits budgétaires incontrôlés, des prébendes et du clientélisme. Ce qui n’empêchait pas ce candidat président d’un genre nouveau de parader en maillot de bain en couverture de Paris-Match, quelques mois avant l’élection de mai 2017. Les vieilles méthodes présentaient encore quelques avantages car en France si on ne paraît pas en maillot de bain dans Paris-Match on a peu de chances d’être élu président.
Presque cinq années plus tard le bilan est mitigé et les grands espoirs de changement dans les comportements politiques se sont envolés, comme le déficit des finances publiques. Certes la crise sanitaire est passée par là, mettant un terme à l’emblématique réforme des retraites qui devait marquer le quinquennat, et à bien d’autres dans la foulée, mais après une première année sur les chapeaux de roue marquée par une réforme de la SNCF les premiers ennuis sont arrivés pour l’équipe au pouvoir qui a ressorti les vieilles recettes de la distribution d’argent pour calmer les colères des « gaulois réfractaires ».
Cela a commencé avec les émeutiers, dits « gilets jaunes », fin 2018 en faveur de qui les contribuables ont été mis à contribution pour quelques milliards d’euros et cela a continué dans des proportions bien plus catastrophiques avec l’apparition de la pandémie de Covid-19 début 2020 contre laquelle la France a, bien entendu, dépensé plus d’argent par habitant que les autres pays. Et cela est en train de se terminer avec la distribution à tout va propre à toutes campagne présidentielle car ce président « nouveau monde » va très probablement essayer de rempiler pour cinq années supplémentaires.
Les normes de bonne gestion budgétaire européennes qui ont été provisoirement assouplies le temps de passer la crise sanitaire, ont vocation à être rétablies sous peu. La France, qui déjà ne les respectait pas avant leur levée, ayant gouté au plaisir de dépenser sans contrainte, est en train de manœuvrer pour faire dégrader ces normes de bonne gestion budgétaire. Notre président « nouveau monde » s’est fait rattraper par les mauvaises habitudes du pays. Il n’aura pas particulièrement démérité mais il aura agi comme les autres, peut-être avec en plus l’énergie de sa belle jeunesse et pas encore tout le cynisme égocentrique de ses prédécesseurs, mais cela n’aura pas duré très longtemps. La meilleure illustration de cette dérive est celle de l’évolution du déficit budgétaire français en points de la production nationale :
la trajectoire d’un président qui croyait être différent !