1961, la guerre d’Algérie est en train de se terminer, l’indépendance du pays est en cours de finalisation via les « accords d’Evian » qui seront signés le 18 mars 1962, les extrémistes pro-Algérie française de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) se déchaînent et ensanglantent le pays comme la métropole, le FLN algérien (Front de Libération Nationale) n’est pas en reste, un jeune photographe de 19 ans est envoyé à Alger puis à Evian pour graver sur la pellicule ces instants historiques, il s’appelle Raymond Depardon.
60 ans plus tard, alors qu’il retrouve ces clichés, il décide les publier dans le cadre d’une exposition partagée avec l’écrivain algérien Kamel Daoud (né en 1970) qui ajoute de très beaux textes à ces photos marquantes d’une époque qui s’évapore, celle d’une présence française dans ce pays du Maghreb après 130 années de colonisation dont certaines furent marquées par une violence insigne. En 2019, Daoud et Depardon reviendront à Alger et à Oran (la ville où réside Kamel Daoud) pour ajouter quelques photos contemporaines, également en noir et blanc, sur lesquelles seuls quelques panneaux publicitaires marquent un vrai changement d’époque.
Les textes de Kamel Daoud ne sont pas des commentaires des clichés mais une longue méditation, inspirés par ceux-ci, sur le temps et l’histoire qui ont marqué tragiquement ce pays, ses habitants, ses héros et ses démons, le poids des pères fondateurs de l’Algérie qui ont obtenu l’indépendance à la force de l’épée et qui est parfois dur à porter pour la génération suivante, celle de Daoud.
A ne pas manquer, un film documentaire à la fin de l’exposition réunissant les deux protagonistes qui y poursuivent leur dialogue dont la hauteur laisse incrédule face au niveau tellement déplorable de la relation politique franco-algérienne !