La Russie est loin d’être isolée dans la guerre qu’elle mène contre l’Ukraine

Les dirigeant européens qui défilent à Kiev se gargarisent du soutien international dont bénéficierait l’Ukraine face à la Russie. Cette vision angélique et occidentalo-centrée est incorrecte et pour s’en convaincre il suffit de regarder les résultats de différents votes qui se sont déroulés à l’assemblée générale des Nations Unies, les débats au conseil de sécurité étant systématiquement bloqués par la Russie qui en est un membre permanent et dispose à ce titre d’un droit de veto qu’elle utilise pour repousser toute condamnation ou décision la concernant.

Le 02/03/2022 l’assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution « déplorant dans les termes les plus énergiques « l’agression » commise par la Russie contre l’Ukraine et exigeant que la Russie retire immédiatement ses forces militaires du territoire ukrainien. » par 141 voix pour, 5 contre (Biélorussie, Corée du Nord, Erythrée, Fédération de Russie et Syrie) et 35 abstentions dont la Chine.

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Le 07/04/2022 l’assemblée générale a adopté une résolution pour suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. 24 pays ont voté contre : Algérie, Biélorussie, Bolivie, Burundi, République Centrafricaine, Chine, Congo, Cuba, Corée du Nord, Érythrée, Ethiopie, Gabon, Iran, Kazakhstan, Kirghizstan, Laos, Mali, Nicaragua, Fédération de Russie, Syrie, Tadjikistan, Ouzbékistan, Vietnam, Zimbabwe. 93 pays ont approuvé et 58 se sont abstenus dont l’Inde, le Pakistan, le Brésil, nombre de pays du Golfe persique et l’Arabie Saoudite.

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Indépendamment de la guerre en Ukraine, le statut de la Russie comme membre d’un comité des « droits de l’homme » laisse pantois, mais après tout de comité qui comprend 47 Etats intègre également l’Arabie-Saoudite, le Bahreïn, Cuba, le Salvador, l’Ethiopie, le Kazakhstan, la Turquie, la Chine… dont le moins que l’on puisse dire est que leur conception des « droits de l’homme » n’est pas vraiment celle partagée par Paris ou Washington. Alors ces conceptions différentes se sont affrontées et il s’en est fallu de peu que Moscou puisse rester dans ce comité des « droits de l’homme » malgré sa guerre déclenchée contre l’Ukraine.

En vérité, nombre de pays trouvent dans cette guerre l’occasion de marquer leur anti-occidentalisme, fruit d’un XXème siècle de domination et de réussite de l’Ouest face au reste de la planète, et malgré deux guerres mondiales qui ont ravagé plusieurs pays occidentaux et nombre de guerres coloniales qui les ont impliqués, sans parler de conflits postcoloniaux vains et perdus, en Afghanistan, en Irak, au Sahel. Le soutien à la Russie face à l’offensive occidentale est un peu la revanche des non-occidentaux qui, entre temps, se sont musclés économiquement et militairement et pour qui envahir un pays tiers ou bombarder des populations civiles ne représente pas un problème moral significatif.

C’est le nouveau paradigme et l’Occident doit s’habituer à vivre dans cet environnement où il n’est plus l’instance dominante unique. C’est ainsi. Il n’en reste pas moins que la liberté défendue comme valeur fondamentale de l’Occident continue à attirer : les réfugiés qui en font leur destination ultime, les oligarques russes qui y installent leurs yachts clinquants plutôt que sur la mer Noire, ou les investisseurs chinois qui adorent acheter des grands crus classés à tour de bras. Tout n’est donc pas perdu pour les valeurs occidentales qui ne sont pas si dévalorisées que ça.