« Les fantômes d’Orsay » de Sophie Calle

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Sophie Calle, toujours décalée, de nouveau surprenante, jamais à court d’idées auxquelles personne ne pense sauf cette artiste plutôt unique, née en 1953.

A la fin des années 1979 la gare parisienne d’Orsay était désaffectée et promise à une transformation de qualité pour devenir ce très beau musée public d’Orsay. De passage devant cet immense bâtiment, Sophie Calle a forcé quelques portes pour se retrouver dans un ancien hôtel, lui aussi désaffecté, le « Palais d’Orsay », qui faisait partie intégrante de la gare au temps de sa splendeur. Cinq étages, les premiers commencent déjà à être occupés par ouvriers et architectes qui, progressivement, montent dans les étages. Sophie élit domicile dans la chambre « 501 » du cinquième étage où elle passe des journées de méditation plusieurs mois durant.

Et dans cet environnement délabré, presque dévasté, par des années d’abandon, elle divague dans les chambres et les couloirs pour y recueillir les traces de ce que fut ce lieu du temps de son activité. Radiateurs arrachés, poignées de porte volées, tuyauterie coupées, moquettes vermoulues, plafonds écaillés, literies abandonnées, billets d’instructions données au gérant, fiches de séjour de clients inconnus ou connus (Marcel Déat), ou dont elle reconstitue la vie… Tout cet univers inspire l’imagination débridée de l’artiste qui cherche à reconstruire ce qui fut. Les objets de sa curiosité sont soit exposés eux-mêmes, soit sous forme de photographies, chacun assorti d’un cadre en haut duquel figure en encre noire leur description clinique et scientifique (forme, destination, composition…) puis, en encre bleue, une interprétation de ce qu’ils pourraient être dans un autre monde ou un autre temps. Les textes sont de l’archéologue Jean-Paul Demoule, en parfaite harmonie avec la douce folie de Sophie Calle.

Quarante années plus tard, à l’occasion de la crise sanitaire qui ferme les musées, elle passe une nuit dans le musée d’Orsay. A l’emplacement de la chambre « 501 » est maintenant installé un ascenseur donnant accès aux bureaux administratifs du musée. Encore une occasion inespérée de construire des liens entre les anciennes fonctions du « Palais d’Orsay » et la nouvelle destination de ce même lieu !

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Détective secrète du passé attentive à toutes les incongruités qui le composent, experte en observation des coïncidences de la vie, inventeuse de liens improbables entre les évènements et ceux qui les vivent, Sophie Calle nous régale encore de la mélancolique inventivité dont elle fait preuve dans cette exposition !

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