L’ancien et dernier président de l’Union soviétique Mikhaïl Gorbatchev (1931-2022) est mort le 30 août dernier à Moscou. Alors que la Russie successeur de l’Union soviétique (URSS) est empêtrée au milieu d’une guerre contre l’Ukraine ce décès est passé plutôt inaperçu dans l’actualité brûlante de ce pays asiatique. Le pouvoir du Kremlin et la frange nationaliste russe qui le soutient considèrent le défunt comme le fossoyeur de l’URSS et de la puissance de Moscou.
En réalité la dislocation de l’URSS a plutôt été provoquée par le russe Boris Eltsine en 1991 qui déclara la souveraineté de la Russie, s’opposa au putsch des généraux russes conservateurs qui voulaient déposer Gorbatchev et interdit les activités du Parti communiste d’Union soviétique sur le territoire de la Fédération de Russie dont il a fait hisser le drapeau sur les bulbes du Kremlin pour remplacer le drapeau rouge orné de la faucille et du marteau chers à Lénine.
Qu’importe que ce soit l’un ou l’autre, l’URSS était à bout de souffle et aucun dirigeant sans doute n’aurait pu la maintenir en vie. L’effondrement était économique, politique et idéologique. L’idéal de la « dictature du prolétariat » avait sombré depuis longtemps dans l’esprit des soviétiques comme de leurs soutiens à l’étranger, l’évidence de la dictature totale exercée par le Parti était apparue à tous. Bref, la fin était proche.
On apprit par la suite que Gorbatchev avait vainement tenté d’obtenir une aide économique et financière des pays occidentaux pour essayer de sauver l’URSS du désastre. Le mur de Berlin était tombé, les pays d’Europe de l’Est, ex-satellites soviétiques se carapataient vers l’Ouest. Sa seule décision majeure fut de ne pas faire sortir l’Armée rouge de ses casernes pour tenter de maintenir l’URSS contre ses propres membres qui voulaient la détruire. L’aide occidentale fut refusée et n’aurait sans doute pas beaucoup changé le destin de ce conglomérat fictif de républiques soviétiques. Mis à part quelques nostalgiques, dont le Parti communiste soviétique, personne n’a vraiment semblé s’attrister à l’époque de cette fin peu glorieuse de l’URSS, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur.
Hélas, la Fédération de Russie fut ensuite livrée à la voracité d’oligarques qui en ont pillé les biens publics vendus à l’encan dans un processus de privatisation sauvage. L’ouverture démocratique fut bien vite refermée après l’ère Eltsine, le pays fut transformé en émirat pétrolier, négligeant son développement économique. L’Etat russe retourna progressivement à ses sirènes dictatoriales sous la botte d’une clique de dirigeants issus de ses services de sécurité qui réécrivent l’Histoire et s’éloignent de l’Occident.
Gorbatchev était le coupable tout désigné pour assumer la responsabilité de ces échecs. Le président Poutine fut désigné comme le seul sauveur capable de redonner à la Russie son lustre d’antan. Il n’est pas vraiment sûr qu’il emploie actuellement la bonne manière pour y parvenir !