L’exposition « Années 80 » dans la nef du musée des Arts décoratifs commence par la célèbre affiche « La force tranquille » qui a permis l’élection de François Mitterrand à la présidence en mai 1981. Cette arrivée de la gauche au pouvoir a déclenché un formidable coup de pied dans la fourmilière d’une France conservatrice post-soixante-huitarde qui avait déjà été un peu secouée par la présidence Giscard d’Estaing. L’espoir qui a alors saisi la France s’est aussi accompagné d’une recrudescence de créativité qui s’exprime ici par le visionnage des publicités de l’époque (qui rencontre un franc succès auprès des spectateurs), l’exposition des mobiliers créés par des « designers », profession qui entre dans la lumière à cette époque, le prêt-à-porter et la haute couture qui sortent du petit milieu confiné de l’avenue Montaigne, les couvertures du journal « Libération » qui fut un peu le porte-drapeau de cette libération sociétale, mais aussi référence aux « années SIDA » qui apparurent à la fin de cette décennie…
Et puis, bien sûr, une partie de l’exposition est aussi consacrée à l’ambiance de « fête » qui marqua ces années, au moins pour les privilégiés, au « Palace » ou aux « Bains Douches ». On voit défiler sur grand écran les images des soirées fastueuses (et même une exposition Yves Saint-Laurent à la fête de l’Humanité) dans ces lieux de la nuit où se croisaient Karl Lagerfeld, Andy Warhol, les « Depeche Mode » et Etienne Daho. Un monde de couleurs, un peu clinquant, très insouciant, qui n’est plus aujourd’hui.
Les années 1980 ont aussi marqué la fin des « trente glorieuses » et de l’insouciance d’un Occident économiquement et culturellement dominateur. L’émergence de l’Asie et d’autres pays contestant cette suprématie occidentale va marquer la fin du XXème siècle. Ce ne fut pas forcément une mauvaise nouvelle mais c’est évidemment un changement de statut parfois douloureux à franchir pour l’ego des tenants de cette hégémonie. Il y a un peu de nostalgie dans cette exposition…