« FELA ANIKULAPO-KUTI – Rébellion afrobeat » à la Cité de la Musique

par

dans Catégorie :

La Cité de la Musique consacre une exposition au musicien nigérian, d’ethnie yoruba, Fela-Kuti (1938-1997). Fils d’une militante des droits de la femme à une époque où l’Afrique n’était pas vraiment éveillée au féminisme, et d’un pasteur, il se forme à la musique à Londres et éveille sa conscience politique au contact des militants des droits civiques aux Etats-Unis. Il revient au pays armé de ce double cursus pour y mener son combat politique contre une dictature galonnée qui ne lui fait pas de cadeaux. Ses concerts sont des messes qui durent des heures dans un chaos organisé où il s’affuble de costumes sophistiqués et bariolés au milieu de nombreux musiciens et danseuses. Il chante, joue du saxophone et dirige sa bande en fumant sans cesse des joints XXL. Sa maison et son club à Lagos sont des colonies où se retrouve toute une faune d’artistes, de militants, de pique-assiettes et où l’armée nigériane aime venir faire des descentes plutôt violentes.

Les slips de Fela…

L’exposition détaille l’environnement créé par ce personnage un peu ubuesque avec photos, coupures de presse, vidéos d’interviews, références à ses guides (Kwame Nkrumah, Sandra Izsadore, Malcom X…), ses costumes flamboyants, les slips multicolores dans lesquels il aimait parader au milieu des siens, les messages politiques qu’il assénait avec pas de mal de simplisme. Il a créé des mouvements politiques aussi fumeux qu’éphémères : Movement of the People (MOP), Young African Pionneers (YOP).  De ses révoltes il n’est d’ailleurs pas resté grand-chose tant le Nigeria demeure un pays hors de contrôle et la pensée politique de Fela étaient idéaliste et peu structurée. On dirait aujourd’hui qu’il était un homme « déconstruit » …

Mais Fela était avant tout un musicien et c’est dans ce domaine qu’il s’est le mieux exprimé en créant le mouvement « afrobeat », sorte de mix entre jazz et musique africaine, aux rythmes hallucinés marqués des cuivres et des percussions. C’est encore par ce média que l’artiste nigérian a été le plus performant. La Cité de la Musique offre aux visiteurs de longs extraits des incroyables concerts que dirigeait ce joyeux trublion.

Lire aussi : « Finding Fella » d’Alex Gibney