« Frida Kahlo, au-delà des apparences » au Palais Galliera

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Frida Kahlo (1907-1954), artiste-peintre mexicaine, créatrice inspirée, amie des surréalistes français (mais pas de Breton sur lequel elle écrit des mots amers), ayant partagé une liaison avec Trotski lors de l’exil de celui-ci à Mexico, elle est décédée en 1954 dans sa « Maison bleue [Casa azul] » à 47 ans après moulte traumatismes médicaux. Après sa mort, son mari, l’artiste en peintures murales Diego Riviera, a décidé de sceller la salle de bains et les placards de son épouse décédée. Il faudra attendre 2004, 50 ans après sa mort, pour que soit libérés ces biens, dévoilant 6 000 photos et 300 objets dont certaines des magnifiques robes portées par Frida, inspirées de la région de Oaxaca dont étaient originaires certains de ses ancêtres et où elle ne s’est jamais rendue.

La Palais Galliera expose cette intéressante collection en commençant, au sous-sol, par les photos retraçant la vie de l’artiste, son enfance, ses voyages, on voit même une courte vidéo avec Trotski et on mesure l’engagement artistique et politique de Frida Kahlo à travers ses idées, ses rencontres, ses expositions. Et une vie toujours à l’ombre de la souffrance physique dues la poliomyélite attrapée à 6 ans et, surtout, le grave accident automobile qu’elle subit à 18 ans qui lui laissera des traces indélébiles sa vie durant, forgeant sans doute sa pugnacité et sa volonté de vivre.

Dans la vaste salle du rez-de-chaussée sont exposées les robes portées par l’artiste et d’autres de couturiers plus contemporains, Jean-Paul Gaultier notamment, qui ont été inspirés par elle. On voit aussi la collection de corsets médicaux que son accident l’obligeât à porter toute sa vie et qu’elle a peints et décorés, l’un avec une faucille et un marteau.

Cette exposition est centrée sur la vie de l’artiste plus que sur son œuvre, mais elle donne furieusement envie de revenir sur celle-ci tant la personnalité de Frida Kahlo présentée par le Palais Galliera paraît exceptionnelle et flamboyante. En cela l’exposition est une réussite !

Les commentaires et explications muséales sont très « progressistes », comme par exemple :

Adolescente, Frida Kahlo a soigneusement construit et exprimé différentes identités de genre devant la caméra. Le 7 février 1926, Guillermo Kahlo a photographié sa fille vêtue d’un costume trois pièces pour homme, arborant une canne ornée.

Dans la terminologie moderne, nous pourrions dire qu’elle a rejeté les catégories binaires cisgenres, embrassant la fluidité des genres et une identité queer.

Très Palais Galliera, plus intersectionnel, tu meures !