Une soirée sur Télé-Bolloré

Un petit zapping en soirée sur les chaînes détenues par l’homme d’affaires Vincent Bolloré permet de constater que la « ligne éditoriale » ne varie guère.

Sur CNEWS on regarde la Messe de l’Immaculée conception de la Vierge Marie à Cotignac, dite par un prêtre « issu de la diversité », ce qui ne manque pas de sel s’agissant d’une chaîne dont une bonne part du fonds de commerce est basée sur la critique de l’immigration. Sans doute considère-t-elle que l’Eglise est un « secteur en tension » nécessitant l’assouplissement de son dogme « immigration 0 ».

Sur C8 on voit dans l’émission menée par Cyril Hanouna une gamine, qui commence toutes ses phrases par « genre… » ou « j’étais en mode… » (ou encore « genre, j’étais en mode… »), expliquer comment à 14 ans elle envoyait des photos d’elle nue avec un « Youtuber » qu’elle accuse désormais de l’avoir mise sous emprise. Pour ceux qui l’ignore, rappelons qu’un « Youtuber », encore appelé « influenceur », est une personne qui diffuse des vidéos d’elle-même sur la plate-forme Youtube pour vanter les mérites d’une marque de vernis à ongles ou de shampoing. Elle est généralement rémunérée par lesdites marques et, pour les plus riches, installée à Dubaï, centre mondial du clinquant.

On se souvient de la légendaire intervention de Nabilla qui assurait la promotion de la cryptomonnaie bitcoin : Nabilla et le bitcoin.

Afin de poursuivre sa progression, M.  Hanouna a enrichi son équipe de commentateurs avec Jean-Marie Bigard, humoriste scatologique qui s’est illustré avec ses positions antivax durant la crise sanitaire de la Covid.

On se demande comment la famille Bolloré qui a démontré son intelligence et son efficacité dans le développement de ses affaires peut faire preuve d’une telle compromission dans des médias d’un si déplorable niveau ? Ce n’est sans doute pas par intérêt économique car ces médias sont généralement des gouffres financiers. Il s’agit probablement plus d’une question d’hubris pour la famille bretonne comme celui d’autres familles capitalistes françaises qui ont toutes acquis, ou pris des participations dans des médias : les Arnault (notamment Les Echos et Le Parisien), Pinault (Le Point et Point de vue), Dassault (Le Figaro), Drahi (Libération, BFM, RMC, L’Express), Niel (Télérama, La Vie, Nice Matin, Le Monde), Bouygues (TF1), etc. Alors que beaucoup ont investi dans les médias pour disposer d’un vecteur diffusant leur vision politique du monde (par exemple Dassault a acheté Le Figaro, journal « de droite », pas Libération, quotidien « de gauche »), la spécificité des Bolloré est d’avoir misé sur des médias abrutissant les masses. Elles sont effectivement un marché d’avenir mais quel plaisir cette famille peut-elle avoir de savoir que les animateurs qu’elle rémunère se vautrent dans la fange sans la moindre retenue ? C’est un mystère propre aux Bolloré. Un premier élément de réponse serait de savoir s’ils laissent leurs jeunes enfants regarder Hanouna le soir ?

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