Changement politique au Niger : un nouveau président prend le pouvoir à Niamey, c’est un galonné issu d’un coup d’état ce 26 juillet. Il était le chef de la garde présidentielle et a donc trahi le président qu’il était chargé de protéger qui était lui-même arrivé au pouvoir via des élections « démocratiques ». Après le Burkina-Faso, le Mali, la Guinée, le coup d’état redevient le moyen favori pour changer de président dans les pays africains. Après tout la méthode a fait ses preuves et n’a pas apporté plus de troubles dans les pays concernés que le renouvellement à l’infini de dynasties familiales par l’intermédiaire d’élections sur le modèle occidental. Le Tchad, le Congo, le Togo ne sont pas mieux ni plus mal gérés par les mafias familiales que ces pays sahéliens qui ont rétabli des cliques militaires à leur tête, d’autant plus que ces coups ne sont généralement pas particulièrement violents.
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Comme à chaque pronunciamiento se déroulant dans d’anciennes colonies françaises, la France est immédiatement vouée aux gémonies, Paris accusé de manipulations et l’ancienne puissance coloniale, rendue responsable de tous les maux qui ont « forcé » les galonnés à se « dévouer » pour prendre le pouvoir, priée de rentrer dans ses pénates. Le cas du Niger ne dévie pas de cette bonne habitude et des foules excitées ont malmené les murs de l’ambassade de France en criant des slogans pro-russes puisque Moscou est redevenue la puissance amie de ce « Sud-global » comme elle le fut autrefois en soutenant les processus de décolonisation dans les années 1950-1960.
Les pays occidentaux et les organisations multilatérales, africaines comme internationales, publient des communiqués désormais bien rôdés appelant au « rétablissement du président élu » et au retour à la « démocratie » et bla-bla-bla. Quelques sanctions de pure forme sont prises puis seront rapidement levées tout rentrera dans l’ordre et la nouvelle junte sera confirmée après, bien entendu, s’être engagée à « rendre le pouvoir aux civils… » un jour !
Dans le cas particulier du Niger, la France y avait redéployé son dispositif militaire après avoir été chassée du Mali en 2021 puis du Burkina-Faso en 2023. Les Etats-Unis d’Amérique y disposent aussi d’un contingent militaire chargé de surveiller et de porter des coups au terrorisme religieux islamiste qui pullule dans la région. L’avenir dira rapidement si ces bases vont devoir être repliées ou, à l’image de la base américaine de Guantanamo à Cuba, pouvoir être maintenues en territoire désormais hostile. Le redéploiement des forces française sur des terrains où elles seraient plus utiles et bienvenues est certainement envisagé sérieusement pour les autorités françaises.
Ces pays sahéliens veulent désormais se rapprocher de la Russie, eh bien il faut les laisser faire. La Russie a montré une certaine efficacité dans le traitement des rébellions religieuses, que ce soit en Syrie ou en Tchétchénie. Ses méthodes de terrain ne sont pas freinées par le droit de la guerre ou des considérations de droits de l’homme. Voyons-la à l’œuvre en Afrique où elle est acclamée et désirée. Nombre de dirigeants et de peuples africains veulent remplacer les puissances néocoloniales par Moscou. Ils y sont certainement un peu poussés par la propagande mais il ne faut pas mésestimer leur réelle volonté de changer de protecteur, en attendant qu’ils puissent être véritablement indépendants.
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Ceux qui ont déjà scellé cette « amitié indéfectible » avec Moscou pourront édifier les autres sur les avantages et inconvénients de cette nouvelle alliance. Le devoir de l’ancienne puissance coloniale française qui a beaucoup failli dans ces affaires est de laisser l’Afrique aller vers son destin et où son cœur la mène !