Archive – 2023/11/24 – Paris Bercy

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Plusieurs fois reportée pour cause de Covid, puis de maladie (Darius Keeler, cofondateur du groupe en 1994 a annoncé en 2022 souffrir d’un cancer), la tournée Call to Arms & Angel, du nom du CD sorti il y a deux ans a enfin été lancée cette année et passe pour une date parisienne à Bercy après plus d’une dizaine de concerts en France.

L’immense scène de l’arène est occupée par une première ligne : Darius à gauche, Danny Griffiths à droite, tous deux aux claviers et machines, au milieu : Dave Pen et Pollar Berrier (Guitares et chant), et, de façon intermittente, Lisa Mottram (la nouvelle voix féminine du groupe) ; sur la deuxième ligne, entourant la batterie de Steve Barnard, le guitariste Mickey Hurcombe et le bassiste Jonathan Noyce. Les postes sur cette deuxième ligne sont séparés par des rampes lumineuses qui, ajoutées aux puissants projecteurs venant du fond de la scène, créent alternativement des atmosphères brumeuses bleues ou rouges, avec des déchaînements de lumières stroboscopiques accompagnant à l’infini les saccades de chansons tout aussi stroboscopiques.

Le groupe entre en scène sur une intro musicale électronique et mélancolique dans une atmosphère bleue tamisée, où souffle une espèce de trompette fatiguée, qui se transforme soudainement en lumières blanches violentes et tournoyantes dès que retentit la batterie vigoureuse sur M. Daisy extrait du dernier album. La course est lancée.

Get fucked if you think I’m in your shadow
Run, run ’cause I’m gonna end your fun
Smile, smile, gonna get you in your pile
Get bent if you think I’m gonna bend

Mr Daisy

L’enchainement sur Sane (2006) puis The False Foundation (2016) est redoutable, tout en rythmes et riffs de guitares grincheuses. Seules les voix de Pollar et Dave, souvent en duo, amènent un peu d’harmonie dans ce déluge sonore. Il faut attendre Vice (2022) pour reprendre son souffle avec cette balade désabusée chantée par Pollar sur une ritournelle de piano :

Life in a vice
Tightening up inside
Life in a noose
No chance to get loose
Break through the chains
Hope through the shame
Orchestrated life
Orchestrated fight
Command what we like
Into me and you

Vice

Elle est enchaînée sans interruption sur Lights et sa singulière montée de tension, démarrée au piano que vont progressivement rejoindre tous les instruments puis la complainte de Pollard. Il s’agit d’une chanson sur la souffrance, de celle qui submerge l’âme et fait renoncer. Cette version live est commencée de façon plus directe qu’à l’habitude, l’imperceptible intro sur une note unique de piano est coupée pour passer directement à la ritournelle obsédante de clavier. Le morceau de dix minutes se termine dans le noir et en douceur, la voie de Pollard s’envolant bien haut dans les aigües et les voutes de Bercy.

Dave Pen reprend ensuite le chant pour un enchaînement de Conflict mené tambour battant et Daytime Coma, encore une longue complainte (quinze minutes) sur fond de nappes de claviers, pas très gaie, dont le final explose avec l’arrivée de la batterie et des guitares sur le déchaînement vocal de Dave :

I see a light
In darkness
Save me

I feel you
Through the air
Hold me

Daytime Coma

Lisa Mottram fait son apparition sur Surrounded by Ghosts qu’elle interprète aussi sur la CD Call… Habillée d’une robe noire, elle danse en chantant, discrète et un peu en retrait, mais sa voix porte loin. C’est orignal cette volonté du groupe de changer de voix féminine régulièrement. Ils ne se sont jamais trompés mais on se dit à chaque fois que l’on va regretter la précédente, et puis non. De Roya Arab à Maria Q en passant par Holly Martin, nous ne sommes jamais déçus. Lisa reste ensuite sur scène pour chanter avec Dave sur The Skies Collapsing Onto Us, la bande originale d’un film Netflix puis Take my Head, retour à l’album du même nom sorti en 1999, le deuxième du groupe alors encore dans une période trip-hop, moins marquée pop. Elle se déchaîne et fait sa sortie sur The Crown, une espèce d’hymne rappé sur une tornade cadencée de guitares métalliques et de boîtes à rythmes qui semblent tourner sans contrôle.

Quelques derniers morceaux extraits de Call… nous amènent doucement vers Gold qui clôture le show, un morceau emblématique de l’inspiration présente de ce groupe si créatif, et lorsque que les artistes s’effacent dans les coulisses leurs ordinateurs continuent à diffuser les quatre notes qui forment le thème de ce final dans les flashs des projecteurs tournoyants et les larsens extirpés par Dave de sa guitare.

Ils reviennent bien sûr, pour deux rappels et terminent la soirée sur Again sur lequel la voix déchirante de Dave Pen nous narre l’histoire triste de la déchirure d’un amour perdu.

C’était un nouveau concert d’Archive, pas de véritable surprise mais toujours l’enthousiasme d’assister à la performance jamais décevante de ce groupe inclassable qui sait mixer avec habileté rythmes, machines et romantisme. On ne s’en lasse pas !

Setlist

Mr. Daisy/ Sane/ The False Foundation/ Vice/ Lights/ Conflict/ Daytime Coma/ Surrounded by Ghosts/ The Skies Collapsing Onto Us/ Take My Head/ The Crown/ Fear There & Everywhere/ Enemy/ The Empty Bottle/ Gold

Encore : Fuck U/ Bullets

Encore 2 : Again

Warmup : OCTOBER DRIFT

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