L’avenir de la Nouvelle Calédonie incertain, comme toujours

Malgré les visites régulières de représentants de l’Etat français en Nouvelle-Calédonie il n’y a pas moyen pour le moment de faire s’entendre les communautés sur un avenir commun, dans le cadre de la République, celui d’une autonomie ou de l’indépendance, statut ultime auquel cette ancienne colonie française est promise un jour ou l’autre. Le ministre de l’intérieur français est revenu de Nouméa fin novembre après avoir fait chou blanc, si l’on ose dire, à unifier les positions des Kanaks (population « de souche ») et des Caldoches (descendants des colons).

Les accords de Matignon de 1988 puis de Nouméa en 1998 ont échoué à mener l’archipel vers son émancipation et près de 40 ans après le lancement d’un processus intelligent et pacifique lancé sous l’autorité avisée du premier ministre Michel Rocard la République française a toujours ce caillou calédonien dans sa chaussure et cela commence à lui faire mal. Après les trois référendums qui ont dit « Non » à l’indépendance les loyalistes considèrent que la messe est dite, qu’il faut en prendre acte et que la Nouvelle-Calédonie doit être définitivement ancrée dans la France et, accessoirement être sortie de la liste des territoires à décoloniser des Nations Unies. Pour les indépendantistes qui président actuellement le gouvernement de Nouvelle-Calédonie (avec des pouvoirs beaucoup plus étendus que ceux d’une simple région française) il ne saurait être question d’accepter cette position. Ils refusent d’ailleurs de reconnaître le résultat du troisième référendum de décembre 2021 qu’ils ont boycotté pour cause de pandémie de Covid19 qui ne leur laissait pas assez de temps pour faire le deuil de leurs morts.

Le désaccord est quasi-complet sur les perspectives : composition du corps électoral, rétrocession des terres aux Kanaks, intégration du droit coutumier local dans le système juridique, modification de la Constitution, etc. Un consensus entre les trois parties, Kanaks, Caldoches et Etat français paraît improbable et il faudra pourtant le trouver. La question existentielle est toujours la même : a-t-on une chance de voir un jour les Kanaks accepter les droits et devoirs de la République française de façon apaisée ? La réponse est non. Il y aurait donc avantage à trouver la voie de l’émancipation, et si possible celle de l’indépendance, même dans une perspective à long terme, avant que ne ressurgisse la violence qui elle risque de revenir à court terme !

Si les parties ne sont pas en mesure de trouver un accord innovant comme celui signé en son temps par MM. Tjibaou et Lafleur avec M. Rocard, c’est l’Etat français qui va se retrouver une nouvelle fois en première ligne et être critiqué par tous, y compris le comité de décolonisation de l’ONU. Est-ce qu’une nouvelle génération de dirigeants calédoniens sera capable de laisser partir la Nouvelle-Calédonie dans le grand vent de son indépendance et de sortir ainsi le caillou acéré de la chaussure de la France ?