La France avait déjà Manuel Valls, ancien maire, ancien ministre et même ancien premier ministre de la République, titulaire d’une double nationalité franco-espagnole ce qui lui permit d’aller tenter de planter ses choux à Barcelone lorsqu’il estima la politique française ne lui réservait pas la place qui lui revenait, puis, de revenir en France lorsqu’il échoua à se faire élire maire de Barcelone en 2019, où il échoua de nouveau à se faire élire député des « français de l’étranger » en 2022, avant « d’abandonner la vie politique française » une énième fois.
Elle a maintenant Meyer Habib, citoyen franco-israélien, député des « français de l’étranger », ami du premier ministre israélien et de la frange dure des partis au pouvoir à Tel-Aviv, de celle qui considère que la Bible est son titre de propriété et l’autorise donc à occuper Gaza et la Cisjordanie, le concept du « grand Israël », puisque c’est écrit ainsi dans la Genèse de l’ancien testament qui se place au-dessus des résolutions des Nations Unies, bien entendu.
Le député Habib, né à Paris, est originaire d’une famille juive de Tunisie. Il a fait des études supérieures en Israël. A la tribune de l’assemblée nationale française il prend fait et cause pour Israël dans la guerre en cours à Gaza et prend bien soin de ne jamais parler de « Cisjordanie » ni de colonies israéliennes dans cette région, comme cela est reconnu par la communauté internationale, mais de « Judée et Samarie » comme cette région est désignée dans la Bible. Comme il est polémique et ultra, il est devenu un bon client des plateaux télévisés en ces temps de guerre au Proche-Orient où il expose ses vues partisanes et extrémistes sans vergogne.
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Il a bien entendu le droit de croire que la Bible s’impose au droit international mais son cas pose une nouvelle fois la question du concept de double nationalité. Que ce soit Manuel Valls ou Meyer Habib, à qui ces doubles nationaux font-ils vraiment allégeance ? Comment se dépatouillent-ils de cette double appartenance ? Plutôt mal si l’on en juge leurs prises de position dans le cadre des responsabilités politiques pour lesquelles ils ont été élus. Au mieux ils défendent les positions d’un de leur Etat d’appartenance dans le cadre du mandat pour lequel ils ont été élus dans l’autre Etat dont ils ont la nationalité, au pire ils utilisent cyniquement les avantages que leur procurent leurs deux Etats, se faisant élire dans l’un ou l’autre au gré de leurs intérêts.
La France devrait réfléchir sur la compatibilité de la double nationalité avec le statut d’élu français, à l’image du Sénégal qui n’autorise pas la double nationalité, notamment pour se présenter à l’élection présidentielle, et où Karim Wade, candidat au scrutin de 2024 a dû renoncer à sa double nationalité française pour se présenter. Il a été « libéré de son allégeance à l’égard de la France » par un décret paru aujourd’hui :
Fils de l’ancien président sénégalais, il est né à Paris et a donc choisi d’être « uniquement » sénégalais pour essayer de succéder à son père. La lecture de ce décret qui montre 17 pages d’individus naturalisés français et deux noms seulement renonçant à ladite nationalité, semble indiquer que la France reste un pays attractif et accueillant.