L’erreur tragique de 1974 sur Mayotte, ses conséquences inextricables

Depuis l’erreur tragique commise en 1974 par la France en manipulant le référendum d’autodétermination de l’archipel des Comores de façon que le scrutin soit décompté par île et non pas pour l’archipel d’un seul bloc, la République française compte un territoire perdu dans le canal du Mozambique, Mayotte, et ce confetti va de Charybde en Scylla, s’enfonçant toujours plus dans la misère et la violence sans guère de solutions pour sortir de ce marasme. La départementalisation proposée par un gouvernement stupide en 2010 via un référendum local qui fut bien entendu approuvé à plus de 95%, n’a rien changé sinon accroître encore les attentes et les frustrations des mahorais.

Ces dernières années, l’île de Mayotte s’est transformée en plateforme d’immigration illégale de migrants venant des autres îles de l’archipel des Comores devenues indépendantes en 1974, attirés par le niveau de vie français et la possibilité d’être un jour régularisés en obtenant la nationalité française. Nombre de parturientes comoriennes viennent accoucher à Mayotte afin que leurs enfants y bénéficient du droit du sol et obtiennent automatiquement un passeport français, rendant ainsi plus difficile l’expulsion des parents en situation illégale. Ce droit « du sol » a même été restreint par l’administration pour tenter de décourager les candidats à la traversée des Comores vers Mayotte qui ne fait qu’une petite centaine de kilomètres mais durant laquelle plusieurs milliers de migrants ont déjà péri en mer.

Ces derniers mois une violence endémique s’est développée sur ce caillou où la simple compréhension des lois de la République par les citoyens relève du rêve, et leur application strictement s’avère impossible. Les Comores indépendantes passent des accords avec la France en contrepartie d’aides financières mais savonnent consciencieusement la planche de Paris puisqu’elles ont pour objectif de réunifier Mayotte à sa mère patrie, d’autant plus que la France n’a pas laissé que des bons souvenirs aux Comores. On se souvient des « exploits » du mercenaire Bob Denard que Paris a laissé co-diriger le pays pendant des années avant de mettre fin à cette galéjade par une opération militaire qui permit d’arrêter le mercenaire et sa troupe de pieds nickelés en 1995.

La communauté internationale va dans le même sens et l’Organisation des Nations Unis (ONU) a inscrit Mayotte dans la lite des pays à décoloniser. Dans différentes résolutions, systématiquement renouvelées, son l’Assemblée générale rappelle « la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composé des îles d’Anjouan, de la Grande Comore, de Mayotte et de MohéliRéaffirme la souveraineté de la République fédérale islamique des Comores sur l’île de Mayotte » et « prie instamment le Gouvernement français d’accélérer le processus de négociation avec le Gouvernement comorien en vue de rendre rapidement effectif le retour de l’île de Mayotte dans l’ensemble comorien ». Cela va de soi.

Lire aussi : UN_Mayotte_1994.pdf

A chaque assemblée générale de l’ONU le président comoriens réaffirme sa volonté de réunification de Mayotte soutenu par les pays membres.

Devant l’exaspération des mahorais en situation légale et la récupération politique à laquelle de se livrent les partis d’opposition en métropole avec gourmandise afin de stigmatiser « le laxisme » du gouvernement, le ministre de l’Intérieur déclenche cette semaine une opération « nettoyage » prévoyant la destruction des bidonvilles construits par les migrants et l’expulsion des illégaux. Comme ils viennent à plus de 90% des îles proches des Comores, les dirigeants de pays ont déjà averti qu’ils refuseraient de réadmettre leurs citoyens… C’est grosso-mode le genre de refus qu’essuie la France de la part de toutes ses anciennes colonies lorsqu’elle veut y expulser leurs ressortissants en situation illégale ou, pire, condamné pour délinquance. C’est la revanche des anciens damnés de la terre. Bienvenue dans le monde des relations post-coloniales !

En réalité la France n’a aucune autre solution pour se sortir de ce bourbier que de restituer cette île colonisée à sa « maison-mère ». Personne n’ose le dire mais tout le monde le pense (sauf les mahorais bien sûr). Ce sera évidemment tragique, une sorte d’indépendance algérienne en modèle réduit. Le problème serait essentiellement humain puisque les citoyens français installés sur l’île, d’origine mahoraise ou expatrié, s’opposeraient à cette décolonisation. Il faudrait pouvoir leur donner le choix : soit rester sur place, soit émigrer dans un autre territoire français. Il y doit y avoir aujourd’hui environ 300 000 habitants à Mayotte dont 1/3 d’illégaux. Il faudrait donc pouvoir accueillir au maximum 200 000 citoyens en France si Mayotte était restituée aux Comores.

Ce ne sera pas simple à réaliser mais ce serait conforme au droit international et la seule solution pour se débarrasser du problème sans trop nuire aux habitants français de l’île qui auraient ainsi la possibilité de garder cette nationalité s’ils le souhaitent. Continuer sur la voie actuelle ne fera qu’amener de nouveaux déboires, et probablement des drames bien plus graves que ceux rencontrés jusqu’ici. Le statuquo ne fera qu’empirer la situation et plus on attendra, plus le passif à régler sera lourd. Aller sur cette voie sera long et demandera un courage politique à la hauteur de celui que MonGénéral a déployé en 1962 pour conclure l’indépendance de l’Algérie. Espérons pour les générations futures qu’un dirigeant français osera initier ce processus d’indépendance de Mayotte. A défaut, le problème sera reporté sans fin sur nos enfants.

La devise du Département : « Ra Hachiri » signifie « Nous sommes vigilants », on ne saurait mieux dire !

Lire aussi : Mayotte… encore et toujours

L’inénarrable Rokhaya Diallo

Rokhaya Diallo, fringante journaliste, adepte des théories féministes-décolonialistes-genrées-… et autres, en vogue dans le nouveau monde « déconstruit et non binaire », s’est exprimée dans Le Washington Post, journal américain de référence, où elle est chroniqueuse, sur le traitement différencié des réfugiés selon leur région d’origine et leur région de destination.

L’article déplore que les migrants venant de du Moyen-Orient (Afghanistan, Syrie) ou d’Afrique ont été moins bien accueillis en Europe que les migrants ukrainiens actuellement chassés par la guerre menée par la Russie dans ce pays. Mme. Diallo note que ces derniers bénéficient d’une vague de solidarité unanime parce qu’ils sont « blancs et européens » et que la mentalité « colonialiste » qui imprègnerait toujours l’Occident lui fait penser que la guerre et la misère sont un « état normal » pour les populations noires alors qu’elles sont choquantes lorsqu’elles touchent les « Blancs ». Elle exhorte les dirigeants européens à octroyer le même traitement à tous les réfugiés, quelles que soient leurs origines.

Les faits dénoncés semblent réels : oui les migrants venant d’Ukraine sont mieux traités que ceux venant d’Afrique ou du Moyen-Orient. On voit même à l’intérieur des flux venant d’Ukraine des tris effectués entre les populations ukrainiennes « Roms » ou les étudiants africains qui faisaient des études en Ukraine et les autres, les premiers étant moins bien reçus dans les pays d’accueil.

Ce traitement différencié est-il équitable ? Non. Est-il évitable ? Difficilement car il relève surtout de la réaction des populations plutôt que de décisions politiques. Rokhaya Diallo développe un discours sans surprise, un peu naïf et, évidemment, culpabilisateur à l’encontre des Occidentaux. Le passé colonial européen a certainement laissé des traces dans les esprits et est l’une des explications de ces comportements mais il est loin d’être la seule malgré ce qu’assènent les « décolonisalistes ».

Ce qui est sûr c’est que quelque soient les pays de départ des flux migratoires convergent vers l’Europe de l’Ouest (sauf quand ils sont bloqués dans leur migration par des pays comme la Turquie ou le Maghreb), les populations semblant ainsi voter avec leurs pieds en faveur des régimes occidentaux et être moins sensibles au discours « décolonialiste » que Rokhaya Diallo.

Les facilités accordées à l’immigration des citoyens algériens en France

La proximité des élections présidentielles françaises en avril 2022 relance les débats sur l’immigration en France de personnes issues d’un certain nombre de pays tiers, dont l’Algérie.

Les accords de cessez-le-feu en Algérie du 18/03/1962

Il est régulièrement fait référence aux accords de cessez-le-feu de 1962 dits « d’Evian » comme ayant octroyé un statut spécifique à l’immigration algérienne, hors du droit commun. Une relecture rapide de ces accords, qui comportent onze articles et des déclarations annexes permet de relever la mention suivante dans le chapitre « Déclaration de garantie », 1ère partie, 2ème paragraphe :

Sauf décision de justice, tout Algérien muni d’une carte d’identité est libre de circuler entre l’Algérie et la France. Les Algériens sortant du territoire algérien dans l’intention de s’établir dans un autre pays pourront transporter leurs biens mobiliers hors d’Algérie. Ils pourront liquider sans restrictions leurs biens immobiliers et transférer les capitaux provenant de cette opération dans les conditions prévues par la Déclaration de principes relative à la coopération économique et financière. Leurs droits à pension seront respectés dans les conditions prévues dans cette même déclaration.

Un statut similaire est également prévu pour les Français résidant en Algérie en qualité d’étrangers, 3ème partie, 1er paragraphe :

Les ressortissants français pourront entrer en Algérie et en sortir sous le couvert, soit de leur carte d’identité nationale française, soit d’un passeport français en cours de validité. Ils pourront circuler librement en Algérie et fixer leur résidence au lieu de leur choix. Les ressortissants français résidant en Algérie, qui sortiront du territoire algérien en vue de s’établir dans un autre pays, pourront transporter leurs biens mobiliers, liquider leurs biens immobiliers, transférer leurs capitaux, dans les conditions prévues au titre III de la Déclaration de principes relative à la coopération économique et financière et conserver le bénéfice des droits à pension acquis en Algérie, dans les conditions qui sont prévues dans la Déclaration de principes relative à la coopération économique et financière.

Mais la complication extrême de ces accords fut de régir le statut des Français « pieds noirs » résidant en Algérie avant mars 1962, qu’ils souhaitent rester sur place (une minorité) ou s’exiler (la grande majorité).

En outre, des articles stipulent également l’établissement d’une amnistie pour tous (qui ne fut pas respectée pour les « harkis » qui n’ont pas pu embarquer pour la France et dont beaucoup ont été exécutés), d’une coopération économique et culturelle, la location par la France du port militaire de Mers-el-Kébir pour quinze années, le maintien d’une préférence accordée à la France pour l’exploitation pétrolière dans le Sahara. On sait maintenant qu’existait aussi un protocole annexe secret pour la poursuite des essais nucléaires français dans ce même Sahara.

Le pouvoir des vainqueurs, mais pas toujours…

Nombre de ces engagements n’ont pas été respectés par les parties, chacun devait d’ailleurs le savoir en signant les accords, mais il s’agissait de sortir impérativement du bourbier de cette guerre coloniale. Le Traité de Versailles mettant fin à la première guerre mondiale, les Accords de Paris signés entre le Vietnam et les Etats-Unis d’Amérique, ne l’ont pas plus été. Dans ces contextes de fin de guerre, bien entendu, le vainqueur militaire a bien plus tendance que le vaincu à prendre des libertés avec les engagements qu’il a signés, mais dans le cas du Traité de Versailles c’est pourtant le vaincu qui a violé les accords…

Dans une situation plus pacifique et récente, on voit que le Royaume-Uni n’aura pas mis plus de quelques mois à refuser d’appliquer le volet irlandais des accords de sortie de l’Union européenne qu’il avait pourtant signés peu auparavant.

Ainsi va la vie dans le monde des traités internationaux !

Le décret français de 1969 relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leurs familles 

Pris six années après la fin de la guerre d’Algérie, un décret du 18/03/1969 signé de MonGénéral, du premier ministre Maurice Couve de Murville et de son ministre des affaires étrangères Michel Debré précise les conditions du statut spécifique accordé aux migrants algériens en France.

Ce texte relatif à « la circulation, à l’emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leurs familles » institue un contingent pluriannuel de travailleurs algériens entrant en France « en vue d’y occuper un emploi fixe ». Ils disposent d’une période de neuf mois pour trouver un emploi, période à l’issue de laquelle leur est délivré un titre de séjour (certificat de résidence) renouvelé gratuitement et automatiquement. Le regroupement familial est également autorisé par ce décret. Les détenteurs de titre de séjour sont ensuite dispensés de visas d’entrée en France.

Evidemment, ce texte datant de 1968 a été amendé au cours du temps mais les citoyens algériens continuent à bénéficier à ce jour de conditions dérogatoires, et plus favorables, au droit commun comme le mentionne le site internet du ministère français des affaires étrangères :

L’entrée des Algériens en France est facilitée (condition d’entrée régulière, et non de visa de long séjour, pour la délivrance de certains titres de séjour). ;

Les Algériens bénéficient de la liberté d’établissement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante ;

Les ressortissants algériens peuvent accéder plus rapidement que les ressortissants d’autres États à la délivrance d’un titre de séjour valable 10 ans.

https://www.immigration.interieur.gouv.fr/Europe-et-International/Les-accords-bilateraux/Les-accords-bilateraux-en-matiere-de-circulation-de-sejour-et-d-emploi/L-accord-franco-algerien

Il semble que certains dirigeants français, y compris l’ex-président Sarkozy, aient envisagés de rouvrir la négociation sur ce statut privilégié accordé aux citoyens algériens. Le faire reviendrait à remettre en cause les accords de cessez-le-feu de 1962 et, finalement, personne n’a osé s’y frotter. Eh oui, Alger a aussi des moyens de pression sur Paris et la crise actuelle déclenchée, entre autres, par la liaison faite entre la délivrance de visas (ne pas confondre visa et titre de séjour) et la bonne volonté des pays d’origine à réadmettre leurs ressortissants en situation illégale en France est là pour le rappeler.

Nous verrons sous peu si le prochain pouvoir français issu des élections d’avril 2022, s’il était issu de la « droite dure et décomplexée » osera s’attaquer à ce statut mais il est plus probable que personne ne le fera, préférant laisser le sujet sous le tapis tant il y a de coups à prendre à le sortir de l’oubli. D’ailleurs aucun des candidats ne parle vraiment des accords d’Evian, au-delà des slogans de circonstance sur le « 0 immigration ».

Ce qui ne manque pas d’ironie c’est que l’immigration algérienne est aussi l’un des produits de la guerre coloniale perdue par la France. Il a bien fallu consentir des faveurs pour mettre fin « aux évènements » comme on disait à l’époque. Outre le droit à l’autodétermination accordé en 1962 au « département français » qu’était l’Algérie, les négociateurs français, sous l’autorité de MonGénéral, ont facilité l’accès des ressortissants du pays vainqueur au territoire du pays vaincu ! L’histoire ne dit pas si la demande en avait été faîte par la partie algérienne, mais c’est probable, ce qui accentuerait encore le paradoxe de la situation : le vainqueur veut continuer à pouvoir accéder librement au pays qu’il a défait.

La relecture des accords « d’Evian » permet de penser qu’ils constitueraient un excellent modèle de négociation pour un accord d’accès à d’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, évidemment sans le volet « cessez-le-feu » puisque la France n’est pas à proprement parlé en guerre avec Nouméa, mais tous les autres chapitres seraient quasiment duplicables en l’état pour une relation future entre la France et une Nouvelle-Calédonie indépendante.

Moscou se régale

Avec ironie et cynisme, Moscou donne des leçons de « droit-de-l’hommisme » aux pays occidentaux en les morigénant sur le caractère inhumain de la façon dont ils traitent les réfugiés moyen-orientaux à la frontière de la Biélorussie. C’est facile, alors le président russe ne s’en priva pas :

« Voyons comment les forces de sécurité polonaises se comportent aujourd’hui à la frontière. […] Il y a des petits enfants… tout de même, ils leur projettent de l’eau, jettent des grenades lacrymogènes. Pendant la nuit, des hélicoptères volent le long de la frontière, ils mettent en marche des sirènes. »

Président Poutine cité par RT France

Et il est bien relayé par son ministre des affaires étrangères :

« Ils ne peuvent pas ne pas comprendre qu’ils sont en train de violer toutes les normes imaginables du droit international humanitaire et d’autres accords de la communauté internationale. Bien sûr qu’ils le comprennent ! »

Sergueï Lavrov cité par RT France

C’est un peu la réponse du berger à la bergère : à force de faire des remontrances à la planète entière sur les principes démocratiques qu’elle devrait suivre, l’Occident donne des cordes pour se faire battre et, Moscou, et d’autres capitales, se font un plaisir d’insister sur ces contradictions.

Avec la montée en puissance impressionnante de pays non démocratiques comme la Chine ou la Russie, l’Occident se trouve confronté à la remise en cause de certains principes défendus au cours du XXème siècle, notamment, la démocratie ne serait plus la voie unique pour un développement « heureux ». On voit même depuis plusieurs années des démocraties voter sciemment pour des dirigeants dits « illibéraux » dont Donald Trump aux Etats-Unis d’Amérique fut l’exemple le plus frappant, sans doute favorisé par des actions de soft power russes ! C’est d’ailleurs la plus éclatante victoire des « démocratures » qui réussissent à favoriser l’émergence de pouvoirs leur ressemblant dans les démocraties, élus lors de suffrages démocratiques.

C’est ainsi, la roue tourne, et le rééquilibrage des puissances mondiales n’est d’ailleurs pas forcément une mauvaise nouvelle. Malgré tout, il fait toujours bon vivre dans les démocraties dont la créativité économique et culturelle, ainsi que la conception de la liberté, constituent toujours une force d’attraction significative.

On dirait que les migrants sont plutôt d’accord car ils se dirigent dans une très grande majorité plus vers l’Ouest que vers l’Est pour tenter de trouver refuge. Alors, l’Occident voudrait utiliser les mêmes méthodes que la Biélorussie en utilisant les flux migratoires comme « arme hybride », il ne le pourrait guère en l’absence de migrants « volontaires » pour aller se réfugier en Biélorussie… Rappelons que ce pays, comme la Fédération de Russie, est signataire de Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et/ou à son protocole de 1967.

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La Biélorussie menace

Mécontent des sanctions européennes qui frappent les dirigeants de son pays, le satrape biélorusse menace l’Europe de couper le robinet du gaz russe, dont une partie transite par son pays pour arriver en Europe, en cas de nouvelles sanctions. Les médias rabâcheurs affichent cette information en tête de gondole afin d’inquiéter Mme. Michu pour son chauffage cet hiver. Si cette menace était mise en œuvre cela couperait aussi illico le robinet des dollars reçus par la Biélorussie pour le transit du gaz et la Russie pour la vente de cette matière première. Il n’est pas sûr que la Biélorussie pourrait tenir très longtemps sans cette ressource dans une telle hypothèse. Le grand frère russe pourrait sans doute l’aider un peu mais serait lui-même soumis à l’amputation de ses revenus.

Il est donc peu probable que la menace ne soit jamais mise à exécution. Moscou a d’ailleurs officiellement annoncé qu’il n’y aurait pas de coupure par la voix du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères :

« Il s’agit d’une déclaration du président de la Biélorussie. Je tiens tout de même à rappeler la déclaration du président Poutine selon laquelle la Russie a toujours rempli ses obligations contractuelles. Et que cela plaise ou non à qui que ce soit, la Russie a toujours été, est et restera potentiellement un pays garant de la sécurité énergétique du continent européen. »

RT France

Lire aussi : La Russie aux avant-postes du soutien à la Biélorussie

La Russie aux avant-postes du soutien à la Biélorussie

Avec sa morgue habituelle, la diplomatie russe affirme que ni la Biélorussie, ni la Russie bien entendu, n’ont la moindre responsabilité dans le fait que des migrants moyen-orientaux se retrouvent massés à la frontière entre la Biélorussie d’une part, la Pologne et la Lituanie d’autre part. Bien au contraire, son chef accuse l’Europe d’être responsable de ce nouvel afflux de candidats à l’exil sur ce continent.

« Cela a commencé avec la politique que les pays occidentaux, dont l’OTAN et les pays de l’Union européenne, mènent depuis de nombreuses années vis-à-vis du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, en essayant de leur imposer une vie meilleure selon les modèles occidentaux, la démocratie sous la forme sous laquelle l’Occident l’interprète et a tenté de l’imposer agressivement dans le monde entier, se lançant dans des aventures militaires lorsqu’il rencontrait la moindre résistance »

Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères (RT-France)

On dirait tout de même que les migrants et candidats au statut de réfugié sont plutôt intéressés par « les modèles occidentaux » puisque les flux actuels se dirigent tous vers les pays de l’Union européenne (UE) ou les Etats-Unis d’Amérique…, assez peu vers la Russie ou la Corée du Nord.

Mais qu’importe cette réalité, le russe pousse le bouchon encore un plus loin en rappelant que l’ancien ministre italien de l’intérieur Mattéo Salvini, est actuellement traduit en justice pour avoir refusé à des bateaux chargés de migrants de les débarquer dans un port italien, et que les dirigeants polonais et lituaniens devraient subir le même sort :

« Aujourd’hui, [Matteo] Salvini est jugé pour avoir mis en danger la vie de ces réfugiés qui tentaient d’échapper à des conditions sanitaires désastreuses. Quelle est donc la différence entre les mesures prises par les pays baltes et la Pologne et celles qui ont amené l’ancien ministre du gouvernement italien à être traduit en justice ? »

Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères (RT-France)

Plus c’est gros plus ça passe et Moscou sait utiliser avec efficacité une mauvaise foi de première catégorie et une langue de bois en chêne massif. On se souvient de l’inoubliable déclaration du président russe Poutine lors de l’aide apportée à la rébellion dans la région ukrainienne du Donbass en 2014, russophone et russophile, par des combattants russes dont les uniformes ne portaient aucun insigne distinctif, mais dont la nationalité russe fut attestée par les passeports saisis sur certains prisonniers, déclaration qui disait en substance : « si des citoyens russes veulent aller passer leurs vacances en Ukraine à titre privé, je n’y peux rien ».

Lire aussi : Les nouvelles « attaques hybrides »

« Accessoirement », un avion civil malaysien fut abattu par un missile au-dessus de cette région le 17/07/2014 faisant 298 morts. Les forces en présence se rejettent la responsabilité du tir du missile et Moscou a mis son veto au Conseil de sécurité de l’ONU sur le principe de l’établissement d’un tribunal international afin de poursuivre les responsables de cet abattage d’un avion civil.

La Russie tape contre l’Occident, ce qu’elle fait depuis 1918, nie l’évidence, agit avec cynisme, utilise avec efficacité soft et hard power contre la démocratie libérale, son ennemi. Cela fonctionne plutôt bien pour le moment tant le rejet de la démocratie occidentale est désormais partagé par les pays autoritaires de la planète. Seuls les migrants semblent donner quelque crédit à cette utopie en menant leurs pas vers l’Europe plutôt que vers la Biélorussie…

Pour en savoir plus sur la politique russe et la vision de Moscou sur le reste du monde, il est bon de consulter la chaîne « RT France » qui est très éclairante : https://francais.rt.com.

Les nouvelles « attaques hybrides »

Une nouvelle montée de tension migratoire illustre combien les flux de réfugiés et de migrants sont désormais utilisés par certains pays pour en perturber d’autres. Le dernier avatar de cette tactique revient au satrape qui gouverne la Biélorussie depuis 1994 sous l’œil protecteur du grand-frère russe. Son pays (et certains de ses dirigeants intuitu personae) est l’objet de sanctions occidentales par suite d’élections présidentielles au résultat douteux et de la répression contre les oppositions locales.

Frontalière, notamment, de la Pologne et de la Lituanie qui ont donné refuge à certains de ses opposants, la Biélorussie a poussé quelques milliers de réfugiés moyen-orientaux vers ses frontières ouest pour forcer Pologne et Lituanie à les accepter. Ces réfugiés et migrants qui ne résidaient pas préalablement en Biélorussie auraient été transportés à dessein par des lignes aériennes commerciales (russes, biélorusses et turques ?) vers ce pays afin de constituer cette nouvelle arme qualifiée « d’hybride » par différentes instances dont l’OTAN. Pour le moment les Polonais ont déployé leur armée devant leur frontière assaillie et refusent de laisser entrer ces réfugiés sur son territoire. Bien entendu, les forces biélorusses empêchent les réfugiés de refluer. Ils sont donc bloqués dans une forêt inhospitalière et il y aurait déjà eu une dizaine de morts parmi eux du fait du froid notamment.

Ce n’est pas la première fois que les réfugiés sont utilisés comme moyen de pression contre les pays occidentaux, pour obtenir de l’argent, ou tout simplement pour leur nuire puisque l’on sait que ce sujet des migrations est une préoccupation majeure pour le plupart d’entre eux. La Libye, la Syrie et la Turquie pratiquent ce genre de tactique. Cela semble en revanche une innovation de faire venir des réfugiés exprès sur son territoire pour les lancer ensuite sur ceux des voisins. Au moins peut-on reconnaître aux trois pays moyen-orientaux précités qu’ils avaient déjà lesdits réfugiés à l’intérieur de leurs propres frontières. L’innovation du satrape biélorusse est qu’il a fait venir à ses frais en Biélorussie, y compris la délivrance de visas biélorusses, les migrants moyen-orientaux afin de les pousser ensuite à l’assaut de la Pologne et de la Lituanie représentantes de la démocratie honnie et à abattre.

On voit là une nouvelle illustration de l’énergie déployée par des dictatures ou, au mieux, des « démocratures », pour nuire à l’Occident et tenter d’abattre son modèle économique et démocratique par tous les moyens possibles, leur évitant de rentrer en confrontation militaire directe, conflit qu’elles ne seraient pas bien certaines de gagner, mais pour combien de temps encore ? On a vu l’utilisation du soft power via des intrusions numériques dans les élections présidentielles en France, aux Etats-Unis d’Amérique notamment. Il n’est pas exclu que l’élection du président américain Trump en 2016 ait été favorisée par des interventions numériques russes plus ou moins soutenues ou initiées par le Kremlin. L’utilisation des réfugiés comme arme « hybride » se rapproche un peu plus du hard power. Toute cette énergie (et cet argent) consacrée à nuire à l’extérieur serait sans doute bien mieux employée à développer l’intérieur, mais on ne refait pas l’humain et son besoin de domination. C’est l’éternelle histoire du concours de celui qui fait pipi le plus loin dans la cour de l’école…

Lire aussi : https://rehve.fr/2021/05/lotan-a-livres-ouverts/

La capacité de nuisance décomplexée des pays non-occidentaux est de plus en plus forte, c’est une nouvelle donne de la géopolitique moderne. L’Occident n’est plus seul maître à bord après Dieu sur la planète comme au XIXème siècle et la première partie du XXème, il est confronté maintenant avec d’autres puissances, c’est d’ailleurs une bonne nouvelle tant la domination d’une partie du monde sur l’autre aboutit à des excès dont l’Histoire fut féconde. Il y a 50 ans le Pacte de Varsovie pointaient ses chars et ses missiles vers l’Ouest depuis Berlin-Est. Aujourd’hui des geeks russes ou chinois postent des fausses informations sur Facebook et des Etats envoient des immigrés contre les frontières. Dans un cas comme dans l’autre c’est un danger pour l’Occident, une volonté de mettre son modèle de société à bas, pas sûr que l’un soit plus dangereux que l’autre !

Il faut restituer les confettis de l’Empire

Quelques milliers de migrants marocains ont envahi l’enclave espagnol de Ceuta en territoire marocain. Il semble que les autorités marocaines reprochent à l’Espagne d’avoir accueilli pour raisons sanitaires le chef du front POLISARION, le mouvement indépendantiste du Sahara dit « espagnol » sur lequel le Maroc affirme sa souveraineté. L’impétrant aurait la Covid.

On connaît le cynisme de certains Etats qui n’hésite pas à utiliser les flux migratoires pour des raisons politiques. La Turquie à cet égard a montré de quoi elle était capable en incitant les réfugiés syriens sur son territoire à entrer en Grèce par la frontière terrestre. Dans le cas du Maroc on franchit une étape supplémentaire puisque ce pays envoie sa propre population comme immigrés illégaux à Ceuta. L’Espagne a déployé son armée sur place et aurait expulsé immédiatement la moitié des 8 000 migrants ayant pris d’assaut Ceuta.

La manipulation des flux de migrants est devenue une arme à la disposition des Etats les plus cyniques, il faut s’y faire. Les Etats agressés de la sorte, généralement plus « occidentaux », hésitent à employer des armes similaires en retour, comme celle des visas par exemple. C’est la comédie humaine rapportée à la géopolitique !

Plus important, ces incidents de Ceuta soulignent une nouvelle fois l’aberration de ces confettis d’empires répartis un peu partout sur la planète. Citons également Melilla, toujours espagnole, au Maroc, mais aussi le britannique Gibraltar en Espagne, les territoires français à Jérusalem-est, la française Mayotte dans l’archipel des Comores, etc. A l’exemple de Hong-Kong qui a été restitué par le Royaume-Uni à la Chine, la raison voudrait que l’on profite de ces évènements pour lancer les négociations de rétrocession des enclaves de Ceuta et Melilla au Maroc. Ces verrues espagnoles en territoire étranger n’ont plus aucun sens et sont source de problèmes sans fin. Les populations sont estimées à 78 000 pour la première et 72 000 pour la seconde. Même si la totalité de cette population souhaitait être rapatriée, l’Espagne devrait pouvoir le faire sans trop de difficultés en regard des bienfaits que représenteraient la restitution de ces territoires qui semble une évidence géographique lorsqu’on regarde une carte de la région.

Double nationalité, l’éternelle ambiguïté

On se souvient qu’après les attentats religieux de novembre 2015 en France un projet de réforme constitutionnelle avait été élaboré afin d’étendre la déchéance de la nationalité française aux binationaux nés français lorsqu’une telle personne avait été « condamnée pour un crime constituant une atteinte grave à la vie de la Nation ». Par suite de discussions politiciennes, le projet avait été finalement retiré après avoir provoqué beaucoup de remous et notamment la démission du ministre de la Justice de l’époque : Christine Taubira.

On apprend aujourd’hui que l’Algérie a envisagé un projet de même nature et vient de le retirer par suite des « incompréhensions » comme l’a annoncé le président de la République.

De même nature juridique, les objectifs recherchés n’étaient pas tout à fait similaires. La France visait des binationaux commettant des crimes sur son territoire, en clair des actes terroristes exécutés en France par des binationaux français alors que l’Algérie ciblait des binationaux algériens de la diaspora, coupables d’avoir commis des actions contraires à la « sécurité de l’Etat » à l’étranger.

Dans un cas, la France, il s’agissait de rendre expulsables des citoyens français binationaux, dans l’autre, l’Algérie, il fallait empêcher de revenir en Algérie des citoyens algériens binationaux.

Plus subtil, jusqu’à récemment, l’Algérie ne reconnaissait pas la double nationalité. Elle ne pouvait toutefois pas empêcher un Etat tiers de délivrer sa propre nationalité à un natif algérien et nombre de citoyens algériens possédaient une ou plusieurs autres nationalités, notamment française. Supprimer la nationalité algérienne à un citoyen qui, officiellement, ne peut pas en avoir une autre revenait à le rendre apatride, ce qui pose d’autres problèmes. Toutefois, depuis 2005 la pluri-nationalités est tolérée en Algérie, le Parlement ayant ainsi admis la réalité.

Toucher aux questions de nationalité est toujours un exercice délicat. Paris et Alger l’ont réalisé, chacun pour des motifs différents.

Division du travail et immigration

Menacé de se voir refuser la délivrance de son statut de réfugié, un immigré soudanais a assassiné son conseiller du centre d’accueil du coin de sa rue à Pau. Aussitôt se multiplient les réactions pavloviennes des élus et polémistes opposés à l’immigration. Leur argumentation est connue et une bonne partie de celle-ci est d’ailleurs recevable. Il est assez probable que les réglementations régissant l’immigration en France vont aller se durcissant (pour les candidats à l’immigration) quelles que soient les futurs majorités politiques qui vont gouverner la France après les prochaines élections présidentielles de 2022.

Mais il reste un point qui, comme toujours, n’est jamais abordé, un point qui ne devrait pas faire polémique mais qui est pourtant soigneusement passé « sous le tapis » par les parties, celui des emplois occupés par les immigrés. Il n’est pas besoin d’être un grand clerc pour constater assez facilement que nombre d’emplois sous-qualifiés, physiquement durs à exercer et socialement dévalorisés (notamment parce que payés dans le bas de l’échelle des salaires) sont exercés par des travailleurs immigrés. Les cuisines des restaurants, les entreprises de travaux publics ou les camions d’éboueurs sont peuplés de travailleurs immigrés qui occupent des emplois dont ne veulent plus les citoyens français aux racines hexagonales plus anciennes. Réduire les flux d’immigration, voire les stopper complètement, posera à terme la question de savoir qui occupera alors ces emplois.

On se souvient que lors du premier confinement en France de mars et avril 2020, la fédération de l’agriculture FNSEA avait lancé un appel aux chômeurs et étudiants français pour qu’ils s’inscrivent afin de participer aux récoltes de printemps habituellement réalisées par des travailleurs venant du sud ou de l’est européen empêchés de voyager du fait de la crise sanitaire. De nombreuses personnes s’étaient portées volontaires mais avaient abandonné après quelques jours, fatiguées ou découragées, et en tout cas bien loin d’avoir délivré la productivité de ceux qu’ils étaient censés remplacer.

Bien évidemment souligner cette division du travail en France peut être considérée comme « politiquement incorrecte » mais c’est une réalité et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, généralement, les syndicats patronaux en France sont plutôt favorables à l’immigration qui permet notamment d’éviter une inflation salariale dans ces métiers à forte intensité de main d’œuvre. Si demain ces emplois sont redéployés il est assez probable que ce ne sera pas au même coût.

Expliquer à Mme. Michu que l’on va arrêter l’immigration, c’est bien, lui dire qu’il faudra peut-être que son mari chômeur ramasse les poubelles ce serait aussi plus honnête ! Mais sortir du simplisme est sans doute hors de la portée des polémistes de plateaux télévisés.

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Que faire des terroristes islamiques nationaux

Le débat interne français sur l’opportunité d’expulser, ou non, dans leurs pays d’origine les immigrés convaincus de visées terroristes, ou déjà emprisonnés en France pour en avoir commis, se déchaîne. Après les attentats religieux commis à Paris, Conflans-Sainte-Honorine et Nice ces dernières semaines par des étrangers, l’Etat a annoncé avoir lancé l’expulsion d’environ 200 personnes étrangères soupçonnées de terrorisme. La principale difficulté de ce processus est de forcer les pays d’origine à réadmettre des ressortissants dont ils ne veulent plus.

Globalement il n’y a pas grand monde qui ne soit pas d’accord avec le principe de ces expulsions. Bien évidement les commentateurs de plateaux télévisés qui ont des solutions à tout balayent d’un revers de mains les difficultés d’exécution. Bien malheureusement personne sur ces plateaux mondains ne mentionne le lien avec les terroristes religieux français détenus dans des pays étrangers, au Moyen-Orient principalement.

Le parallèle n’est pourtant pas très difficile à faire et les mêmes commentateurs expliquent doctement que les djihadistes français détenus en Irak ou en Syrie, lieux où ils commirent leurs crimes, doivent y être jugés et exécuter les peines auxquelles ils seront éventuellement condamnés pour surtout ne pas être rapatriés en France. On sait qu’une partie de ces terroristes de nationalité française détenus dans des camps kurdes du nord de la Syrie, à défaut d’avoir pu être expulsés vers la France ont été relâchés dans la nature après que la Turquie eut mené son offensive contre les forces kurdes dans cette région syrienne. Tout le monde espère que l’on entendra plus parler d’eux ; les analystes faisant leur métier savent qu’une partie d’entre eux ressurgira forcément un jour ou l’autre, et sans doute pas pour devenir des citoyens français modèles. Personne ne veut de cette catégorie de population aveuglée par la religion jusqu’à commettre les crimes que l’on sait au nom d’un Dieu, ni la France, ni les autres pays. Le problème est qu’elle est apparue un peu comme une génération spontanée dans tous les pays, développés ou pas, religieux ou pas, démocratiques ou pas et qu’aucun Etat ne sait vraiment comment gérer cette situation mondialisée. Chacun applique ses propres méthodes.

La France cherche à convaincre les pays d’origine de réadmettre leurs citoyens terroristes (avec sans doute quelques arguments et moyens de pression) tout en refusant de reprendre les siens. C’est une question de rapports de force, comme souvent, où la cohérence politique n’a sans doute que peu à faire. En revanche, les plateaux télévisés pourraient expliquer à Mme. Michu l’ambivalence de la République qui veut expulser les terroristes étrangers tout en refusant de réintégrer les siens, non point pour critiquer l’Etat, mais pour édifier Mme. Michu sur la complexité de cette situation. Il y a des mesures de rétorsion possibles des Etats étrangers intéressés.

Si on organise un référendum demain posant la question : « voulez-vous expulser les terroristes religieux étrangers dans leurs pays d’origine ? », il est probable que la réponse sera majoritairement « Oui ».

Si en revanche la question était : « voulez-vous expulser les terroristes religieux étrangers dans leurs pays d’origine et réadmettre en France les terroristes religieux français arrêtés à l’étranger ? », il est probable que la réponse serait moins nette !

Ensuite, c’est la grandeur et la noblesse du métier de politique dans une démocratie que d’arbitrer entre les solutions possibles et d’appliquer les décisions une fois prises. Nos dirigeants sont payés pour ça par nos impôts.

Des militants d’origine turque affrontent des citoyens d’origine arménienne sur le territoire… français

Alors que la guerre s’intensifie entre l’Azerbaïdjan (soutenu par la Turquie) et l’Arménie au sujet de l’enclave du Haut-Karabagh en territoire azerbaïdjanais, mais peuplée d’habitants d’origine arménienne qui ont déclaré leur indépendance unilatéralement, des bandes rivales s’affrontent sur le territoire français en écho à ce conflit. Bien entendu le fait religieux n’est jamais loin, la population arménienne est chrétienne et l’azerbaïdjanaise est musulmane.

Une forte communauté d’origine arménienne existe en France depuis le génocide arménien et y prospère de façon relativement silencieuse bien que toujours très tournée vers le pays d’origine qu’elle ne manque pas de soutenir à toutes occasions. Une diaspora turque existe également en France, de constitution plus récente, estimée entre 500 et 800 000 personnes, français issus de l’immigration comme citoyens turcs immigrés. Celle-ci a importé sa religion et ses conflits, largement inspirée par le gouvernement turc qui promeut ainsi une sorte de soft power pour faire de l’entrisme dans des pays cibles, dont la France.

On avait déjà vu la communauté tchétchène régler ses comptes en juin dernier contre un groupe de trafiquants de drogue d’origine magrébine dans une banlieue de Dijon. On a aujourd’hui les turcs contre les arméniens à Lyon et à Dijon qui utilisent la liberté dont ils bénéficient en France pour importer leurs conflits nationaux dans leur pays d’accueil. Evidemment les membres de ces communautés jouent sur le fait que certains d’entre eux ont acquis la nationalité française… ce qui ne leur donne pas le droit pour autant de manifester sans autorisation ni de régler leurs comptes communautaires en dehors du système judiciaire. Imagine-t-on une minute des bretons affrontant des corses à Ankara en violant la loi turque ?

Cette situation irrite au plus haut point la majorité des citoyens français, outrés par ces comportements qui pervertissent le fameux « Etat de droit » fondement de la République et la non-réciprocité vis-à-vis de pays qui veulent lui exporter leurs vues et leurs modes de fonctionnement. Le résultat de ces comportements va sans doute être l’instauration de nouvelles restrictions à l’Etat de droit, portant cette fois-ci sur les conditions d’immigration et du droit d’asile, après celles restreignant les libertés prises depuis plusieurs années pour lutter contre le terrorisme. C’est un peu le crépuscule de la démocratie occidentale face aux Etats religieux.

La République est généreuse

A l’occasion de l’assassinat en France par décapitation d’un enseignant d’histoire et géographie par un terroriste islamique on apprend que le tueur, et une bonne partie de sa famille, sont des russes d’origine tchétchène ayant obtenu le statut de réfugié politique en France il y a plusieurs années. Plus intéressant, il s’avère que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) leur aurait d’abord refusé ce statut, puis que ceux-ci ont fait appel devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) qui est une juridiction administrative crée en France comme outil de recours contre les décisions de l’OFPRA quand celles-ci ne satisfont pas les requérants.

Dans le cas qui nous intéresse, la famille tchétchène s’étant fait débouter de sa demande de droit d’asile a tout simplement obtenu par la CNDA le « droit » qui lui avait été refusé par l’établissement public et administratif OFPRA.

Lire aussi : Un enseignant tué par un terroriste religieux islamique

La lecture du rapport d’activité 2019 de la CNDA nous apprend qu’elle compte 800 agents en 2019, année où elle eut à traiter 59 0921 recours et rendre 66 464 décisions. L’OFPRA ayant reçu environ 265 000 demandes d’asile, c’est donc environ 25% des décisions de l’OFPRA qui sont contestées en justice par les candidats réfugiés.

Les dix premiers pays d’origine des étrangers initiant des recours sont mentionnés :

Les deux pays les plus représentés à la Cour d’appel du droit d’asile sont l’Albanie, candidate à l’adhésion à l’Union européenne, et la Géorgie dans une situation politique et économique assez similaire. L’Albanie est listée comme « pays sûr » par le ministère de l’intérieur. La France peut-elle à la fois délivrer un statut de réfugié à des immigrants albanais et accepter de négocier avec l’Albanie pour son adhésion à l’Union, comprenant notamment l’acceptation de ses valeurs démocratiques ? L’immigration venant de ces pays semble plus causée par des considérations socio-économiques que politiques. Ce pays est le n°2 pour les demandes à l’OFPRA et le n°1 à la CNDA.

La République est décidément bonne mère : elle examine les demandes d’asile quel que soit le pays l’origine, prend une décision via l’OFPRA et permet une voie d’appel à la CNDA si la décision initiale ne satisfait pas le demandeur. Il existe même une possibilité de pourvoi en cassation si la décision d’appel est rejetée par ce demandeur… On peut craindre qu’une telle générosité ne soit utilisée à des fins autres qu’humanitaires par certaines personnes mal intentionnées. Ce fut le cas du terroriste islamiste tchéchène de Conflans-Saint-Honorine ou de son prédécesseur pakistanais à Paris. La question du maintien de cet entassement de juridictions va certainement être posée à court terme.

Les nouveaux garde-frontières délocalisés

De nombreux candidats réfugiés tentent actuellement la traversée de la Manche entre France et Royaume-Uni pour pénétrer illégalement dans ce dernier pays. Londres accuse Paris de ne point en faire assez pour bloquer ces départs (voire de les favoriser) qui se traduisent par de l’immigration illégale sur son territoire. Evidement c’est toujours mieux pour Londres de laisser ces personnes en France, d’autant plus que l’accord dit « du Touquet » signé en 2003 convient que les contrôles douaniers pour passer du pays A vers le pays B se pratiquent sur le territoire de B par des douaniers de A, et vice-versa. Pour les demandeurs d’asile en Grande-Bretagne, si la demande est formulée avant le départ du navire c’est à la France de traiter la demande, si elle est faite après c’est le Royaume-Uni qui s’en charge et… qui renvoie le candidat en France si sa demande est rejetée ! Il n’est rien prévu de particulier pour les illégaux qui s’embarquent sur des bateaux de fortune. Londres participe au financement des frais engagés par la France pour assurer tous ces contrôles.

Comme il y a beaucoup plus de réfugiés qui veulent se rendre de France vers l’Angleterre que l’inverse, Paris se retrouve avec un nombre important de réfugiés bloqués sur son territoire car ils ne peuvent pas être autorisés à prendre un bateau depuis la France puisqu’ils ne peuvent pas rentrer légalement dans le territoire de leurs rêves.

Cela ne vous rappelle rien ? C’est grosso-modo le même modèle d’accord qui existe entre la Turquie et l’Union européenne (UE) : cette dernière paye Ankara pour que des réfugiés candidats à l’entrée dans l’UE soient maintenus en Turquie et empêchés de franchir illégalement la Méditerranée où ils aboutissent naturellement d’abord en Grèce et en Italie. La France est « bénéficiaire » de l’accord en cours avec la Turquie en ce qu’il bloque dans ce pays des candidats réfugiés dont certains seraient sans doute intéressés par s’installer en France, mais elle est en revanche « contributrice » à l’accord avec Londres puisque celui-ci aboutit à bloquer en France des réfugiés qui cherchent à se rendre au Royaume-Uni… En gros, Paris est le turc de Londres.

Les deux accords affichent le même réalisme (teinté d’une touche de cynisme) à vouloir régenter des flux de réfugiés. Ils sont pour le moment relativement efficaces pour les pays « bénéficiaires » c’est-à-dire les pays de destination et reportent sur les pays « contributeurs » la charge d’accueil et de maintien des réfugiés. L’accord « du Touquet » présente l’avantage d’avoir été signé entre pays « bien élevés et de bonne compagnie » à la différence de celui impliquant la Turquie, pays qui vocifère, menace, ne respecte pas grand-chose et met ses menaces à exécution, au besoin en transportant officiellement les candidats réfugiés vers la frontière gréco-turque en leur faisant croire que le passage est libre[1]. S’il est sans doute possible de transiger avec le Royaume-Uni pour rééquilibrer l’accord « du Touquet », c’est mission impossible avec la Turquie qui continue à utiliser les flux de réfugiés, par ailleurs accueillis sur son sol, comme arme de dissuasion massive pour faire trembler les pays européens qu’elle n’aime pas beaucoup…

Migrations et frontières : c’est la combinaison garantissant le niveau maximum de problèmes dans notre monde d’aujourd’hui (et peut-être aussi déjà dans celui d’hier). La Turquie joue adroitement avec ces deux leviers pour jeter le trouble dans les pays chrétiens d’Europe occidentale qui, par ailleurs, accueillent une forte diaspora de citoyens… turcs (ou d’origine turque) sur leurs territoires, notamment en Allemagne et en France, et à qui les nationalités allemandes et françaises ont été délivrées ou obtenues par le droit du sol ou le droit du sang en vigueur dans nos pays. Ce n’est pas là le moindre des paradoxes d’une situation inextricable qui en compte bien d’autres. Nous en sommes là !


[1] On se souvient que à l’apogée de la crise des migrants en 2015-2016, des vieux cargos rouillés chargés de réfugiés étaient lancés sur les côtes françaises et italiennes après que leurs équipages aient pris la fuite sur les embarcations de secours. Une courte enquête permit d’identifier les ports turcs de départ de ces navires en perdition. Il semble que quelques photos satellites aient été transmises à Ankara par les autorités françaises et ces flux se sont taris assez rapidement.

Un des leaders du génocide rwandais arrêté… en France

Félicien Kabuga, 84 ans, affairiste hutu rwandais, fondateur de la Radio-Télévision des Mille Collines (RTLM) ayant attisé le génocide, financier des milices chargées de l’extermination, vient d’être arrêté en France où il séjournait sous un faux nom. Il s’y était réfugié a priori depuis plusieurs années après une fuite dans différents pays depuis ce génocide datant de 1994. Ses enfants et ses proches sont aussi hébergés en France et des pays européens avoisinants. Une enquête du journal Le Monde révèle que la famille Kabuga aurait décidé de « rapatrier » l’ancêtre en France compte tenu de son état de santé déclinant et l’offre de soins médicaux favorable dans l’hexagone… Tous les siens déployaient depuis une grande énergie pour le protéger de la justice internationale qui le recherchait.

Il est navrant que de tels criminels puissent trouver refuge, même illégalement, en France, relançant ainsi les soupçons jamais définitivement levés de compromission française avec les génocidaires. Son arrestation fait suite à une enquête de police de quelques mois qui a consisté à suivre les enfants pour retrouver le père. D’autres personnages douteux séjournent, ou ont séjourné, en France plus ou moins légalement : la femme du président rwandais Habyarimana, des satrapes africains et leurs descendants, des dirigeants syriens et libyens, etc. Bref, toute une clique de dirigeants corrompus, voire criminels, continue à trouver le chemin de Paris pour venir s’abriter des foudres de leurs populations et de la justice internationale. Accessoirement ils y investissent pas mal de leur argent…

Il est probable que les dirigeants français actuels se passeraient bien de la présence sur le sol national de ces pestiférés, pas toujours encore condamnés, certainement indésirables. Mais les mauvaises habitudes sont prises et elles sont difficiles à inverser. On peut seulement espérer que le robinet d’admission de ces personnages se ferme progressivement, quitte à renoncer à leurs investissements le plus souvent mal acquis. La France s’honorerait à décourager de telles migrations sur son territoire.

En attendant, M. Kabuga devrait être livré au mécanisme qui a pris la suite du Tribunal international pour le Rwanda (TPIR), fermé en 2015 après avoir jugé 80 accusés, et laissant huit fugitifs dans la nature dont deux ont été arrêtés depuis, y compris Félicien Kabuga récemment.

La Turquie fait revenir « provisoirement » sur son territoire les candidats réfugiés installés à la frontière gréco-turque

La Turquie qui avait facilité l’arrivée de candidats réfugiés à sa frontière avec la Grèce afin de faire pression sur l’Europe et l’OTAN qu’elle estime trop frileux dans leur soutien à ses actions militaires en Syrie, fait machine arrière à cause de l’épidémie de coronavirus. Elle a ainsi « rapatrié » les 5 à 10 mille réfugiés vers leurs camps de rétention à l’intérieur de son territoire en précisant bien que cette décision est provisoire et qu’une fois la pandémie achevée ces réfugiés seront de nouveau encouragés à essayer de passer en Europe.

Face à cette tactique turque, la Grèce soutenue par l’Europe avait refusé d’ouvrir ses frontières et finalement peu de réfugiés avaient pu les forcer, si ce n’est en passant par la mer. Comme elle l’a déjà annoncé, ne doutons pas que la Turquie va réitérer sa démarche dès que la situation sanitaire le permettra. L’Europe est soumise au chantage de soutenir, au besoin militairement, Ankara dans sa politique d’occupation du nord de la Syrie, ou alors de subir l’assaut des masses de réfugiés cherchant à migrer dans un pays européen. Cruel dilemme car la justification officielle avancée par Ankara de son invasion du nord de la Syrie est de pouvoir y réinstaller… les réfugiés syriens actuellement accueillis en Turquie tout en les protégeant de la répression du régime soutenu par la Russie, ce qui n’est pas en soi complètement illégitime, mais le devient tout de suite un peu plus lorsque l’on sait que cette occupation militaire a également comme but d’anéantir les forces kurdes syriennes, obsession d’Ankara depuis des années.

Ne faudrait-il pas imaginer une sorte d’accord multilatéral qui pourrait mettre cette zone sous protection internationale pour y réimplanter les réfugiés syriens avec un financement conséquent ? C’est évidemment un doux rêve qui nécessiterait l’accord du régime syrien (et de son allié russe) pour une perte de souveraineté sur une partie de son territoire. Il faudrait également que les 3 ou 4 millions de réfugiés syriens en Turquie, ou au moins une partie d’entre eux, acceptent de revenir « volontairement » en Syrie alors qu’ils se sentent sans doute plus en sécurité en Turquie. Les pays occidentaux ne manifestent pas non plus un grand enthousiasme à l’idée de mettre en place une UNRWA bis, cette organisation des Nations unies créée en 1949 pour s’occuper des réfugiés palestiniens chassés de leur terre lors de la création de l’Etat d’Israël et à la suite de la guerre de 1948. 70 ans plus tard l’organisation en est toujours à maintenir des camps de réfugiés dans tout le Proche-Orient dont les effectifs se sont multipliés car elle attribue également le statut de « réfugié palestinien » aux descendants des palestiniens expropriés en 1948.

La responsabilité originelle de tout ce désastre est tout de même essentiellement syrienne. On se souvient d’une relative vague d’optimisme qui avait saisi l’Occident, et sans doute aussi nombre de syriens, lorsque le président Bachar El Assad venait faire ses courses à Paris en se laissant prendre en photo avec son épouse sur le perron de l’Elysée avec le président de la République française. On parlait alors de modernité et d’espoir pour ce pays sur lequel la France avait exercé un mandat délivré par la Société des nations (SDN) entre les deux guerres mondiales. C’était en 2010, une éternité… Depuis la Syrie est revenue à ses démons, un inextricable patchwork de religions, de clans, d’intérêt et de sauvagerie.

L’immigration agricole

C’est le printemps, les récoltes de fruits et légumes s’annoncent pour les jours à venir et l’habituel flux de travailleurs agricoles immigrés se tarit du fait de la fermeture plus ou moins hermétique des frontières nationales. Alors le principal syndicat agricole français fait appel aux bonnes volontés pour aller cueillir les fruits et légumes dans les champs. Il manquerait 200 000 travailleurs dans les champs :

Voici un effet plutôt inattendu de la fermeture des frontières. Et l’on découvre les travaux que les citoyens français ne veulent plus ou ne savent plus faire, et pour lesquels la République fait appel à l’étranger. C’est un bon exemple du sujet de la « démondialisation » qui devrait venir sur la table à l’issue de la crise. Si l’on veut résoudre cette dépendance à l’étranger pour notre agriculture il faudra juste trouver 200 mille personnes chaque année pour les 3 mois de récolte printanière. Pour cela il faudra peut-être augmenter les salaires versés ce qui accroîtra le prix du kilo de carottes payé par Mme. Michu au marché ; ou alors réquisitionner des travailleurs. Ce débat sera mené demain et promet nombre de polémiques franchouillardes, d’autant plus qu’il ne sera qu’un des sujets au milieu de bien d’autres similaires.

L’aide turque aux réfugiés

Quelques milliers de réfugiés en Turquie sont « aimablement » véhiculés par les autorités turques vers les frontières européennes de la Grèce et de la Bulgarie. Il paraîtrait même qu’on leur distribue des cartes pour les guider et que des haut-parleurs les informent dans leurs langues natales que les frontières européennes leur sont ouvertes. Ils sont donc un peu surpris lors qu’ils sont accueillis auxdites frontières par des gaz lacrymogènes des forces de sécurité grecques et bulgares. D’autres migrants ont repris la mer depuis la Turquie vers les iles helléniques. Pour le moment il semble que la majorité de ces migrants soient iraniens ou afghans, mais peu syriens.

Cela n’est pas sans rappeler l’implication turque plus ou moins officielle au début de la crise migratoire en 2011/12 lorsque des cargos rouillés et délabrés remplis de candidats réfugiés étaient lancés sans pilote sur les côtes européennes, leurs équipages les ayant abandonnés avant de quitter les eaux internationales en fuyant dans des canots de sauvetage. « L’affrètement » de tels navires passait beaucoup moins inaperçu que des dinghies en caoutchouc de passeurs de circonstance, des photos satellites avaient montré clairement que ces navires sortaient de ports turcs et avaient été communiquées à Ankara qui avait fait ce qu’il fallait pour mettre fin à ce « mode de transport ». Contrairement à ce qui se passait en 2011, la Turquie revendique aujourd’hui haut et fort son action de pousser les migrants hors de son territoire vers ceux des pays membres de l’Union européenne mais n’a pas remis en service ses poubelles des mers.

L’objectif turque est de pousser l’Europe à soutenir la Turquie afin d’imposer son occupation illégale du nord de la Syrie. Pas sûr que ce ne soit la bonne méthode. En revanche elle est très efficace pour éloigner encore un peu plus la Turquie de l’Europe. Chacun se bat avec les moyens dont il dispose et le seul pouvoir qui ne dévie pas de sa route est le clan Assad en Syrie, soutenu par la Russie, qui veut achever la reconquête de son territoire, serait-ce au prix de l’émigration de millions de ses concitoyens et des 400 mille morts déjà répertoriés depuis le début de cette guerre civile en 2011. Le mal est parti de la et continue à prospérer. L’agitation inquiète de la Turquie n’en est qu’un dommage collatéral.

Mayotte… encore et toujours

Le président de la République française passe à Mayotte pour parler dans le vide. Près d’un habitant sur deux de ce département français d’outre-mer est un étranger en situation illégale, le plus généralement issu des Comores. Il n’y a pas de solution technique pour endiguer ce flux. La France ne va pas tirer sur les bateaux et les Comores n’ont ni les moyens, ni sans doute la volonté d’empêcher leurs citoyens d’émigrer vers ce bout de France au milieu de l’océan indien et à seulement 70 km de ses côtes. Il n’y a juste pas de solution durable autre que rendre aux Comores la souveraineté sur Mayotte pour en supprimer l’avantage comparatif.

C’est la logique géographique et l’évidence politique. C’est un projet qui sera difficile et complexe à mettre en œuvre. Les Comores ne respecteront évidemment pas les engagements qu’elles pourraient prendre dans le cadre d’une négociation d’indépendance et chercheront au maximum à tirer la couverture à elles. Il faudra proposer aux mahorais en situation légale au jour dit de pouvoir choisir entre rester et devenir comoriens ou émigrer en France métropolitaine. Les contribuables nationaux seront mis à contribution. Il y aura des cas tragiques, des manifestations, de la répression, sans doute des morts. La France sera accusée de lâchage et de traitrise à court terme mais sur la durée c’est une voie qui est inévitable.

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Alors les promesses d’un président de passage n’y changeront pas grand-chose et ne seront suivies que très peu d’effets, comme celles faites par ses prédécesseurs. Il faut négocier avec les Comores pour une rétrocession de Mayotte dans les moins mauvaises conditions possibles pour les citoyens français qui y sont présents, comme le demandent d’ailleurs les Nations Unies de façon régulière.

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L’inde : sa citoyenneté, son immigration et ses religions

L’Inde est, comme beaucoup d’autres pays, soumise à des tiraillements identitaires et religieux. L’Histoire n’est jamais loin dans cette ancienne colonie britannique dont la partition qui avait suivi l’indépendance en 1947 après la seconde guerre mondiale était destinée à faire un pays musulman, le Pakistan, et un pays hindouiste, l’Inde. Cette séparation s’était déroulée dans une grande violence et avait fait des centaines de milliers de morts. Evidement cette illusoire répartition basée sur la religion n’a pas été hermétique et chemin faisant les populations se sont mélangées au fur et à mesure des guerres, des catastrophes naturelles, de la mauvaise gouvernance… alors aujourd’hui le président de cette vaste nation, Narendra Modi, que l’on qualifierait de « populiste » dans notre vieille Europe a lancé un recensement dans la province de l’Assam, frontalière du Bangladesh (ex-Pakistan oriental érigé en pays souverain de religion également musulmane en 1971) destiné à identifier et, sans doute, expulser des résidents « illégaux ». Au terme de ce recensement, près de deux millions de personnes se sont vues privées de leur nationalité indienne. La notion de religion n’entrait théoriquement pas dans les critères mais on peut craindre qu’elle ne fût quand même considérée compte tenu du projet Modi de reconstituer une « nation hindoue » !

A priori l’analyse des dossiers se basait sur l’antériorité de leur présence sur le sol indien, état de fait qu’il était souvent extrêmement délicat à documenter dans un pays où l’administration est peu efficace. Alors personne n’est content : des données ont été manipulées, le fait du prince a souvent été appliqué quelques soient les documents justificatifs produits, des indiens dits « authentiques » ont été déchus, le parti au pouvoir de M. Modi claironnait qu’au moins 5 millions de personnes devaient être concernées par ce recensement qui n’a finalement identifié que 2 millions « d’outsiders » comme on les appelle. Aujourd’hui personne ne sait bien ce que vont devenir ces 2 millions de déchus devenus apatrides.

Comme à chaque fois qu’un Etat commence à jouer sur les notions d’identité, d’origine, de pureté… les résultats peuvent être imprévisibles et risquent d’être nauséabonds. En Occident il existe souvent des lois empêchant un Etat de rendre apatrides ses propres citoyens. L’Inde n’a pas ce genre de prévenances et va devoir maintenant régler le « problème » de ces 2 millions de personnes déchues. Il est peu probable qu’elles puissent être déplacée vers le Bangladesh qui doit déjà accueillir les réfugiés Rohingyas expulsées du Myanmar (ex-Birmanie) à coups de pogroms, le plus souvent aussi car ils sont musulmans.

En France nous avons Eric Zemmour et sa théorie du « grand remplacement » qui favorisent les succès de l’extrême droite, en Inde il y a Narendra Modi et cela se termine par 2 millions d’apatrides. Dans les deux pays il y a des leaders d’opinion qui abaissent les débats et tiennent des propos de café du commerce pour s’attaquer à de vrais sujets qui troublent les populations. Dans les deux pays les solutions préconisées ne règlent pas les problèmes (que va faire l’Inde avec ses 2 millions d’apatrides ?). L’intelligence et le droit devraient rester les guides de toute réflexion dans le domaine de l’immigration et de la nationalité ; hélas ce sont plus souvent la haine et la beaufitude qui s’emparent du débat. Il faut sans doute remettre en cause la mondialisation et la liberté de circulation, ou tout du moins, gérer différemment ces concepts qui montrent leurs limites. Les « Eric Zemmour » aux petits pieds affolent Mme. Michu mais n’apportent pas pour le moment de solution viable. Voyons déjà comment l’Inde va se sortir de la situation actuelle dans l’Assam.

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