« Shttl » d’Ady Walter

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Nous sommes en 1941 dans un village juif d’Ukraine soviétique au cœur duquel s’oppose les juifs orthodoxes et les juifs « soviétisés » dans l’éternel lutte entre les anciens et les modernes. Dans la tradition juive les orthodoxes défendent des comportements d’un autre âge vis-à-vis des femmes, du travail et de l’interprétation de la Bible ? Ce sont les mêmes aujourd’hui qui défendent le droit d’Israël sur la Palestine puisque le concept de « grand Israël » est mentionné dans l’ancien testament depuis 4 000 ans… Au cœur de ce village perdu une partie des jeunes a été embrigadée par l’idéologie communiste qui, outre qu’elle refuse le fait religieux, prône des concepts généralement en totale opposition avec la Bible…

Dans le film, Mendele qui fait des études de cinéma à Moscou sous uniforme militaire revient au village pour enlever son amoureuse Yuna des griffes rétrogrades de Folie, cultivant un judaïsme hassidique particulièrement rétrograde, qui fut son ami lorsqu’ils étaient enfants et qui se prédispose à devenir le rabbin de la synagogue lorsque l’actuel, père de Yuna, quittera ses fonctions. Ils en sont là lorsque l’armée allemande entame l’opération « Barbarossa » et envahit l’ouest de l’Ukraine où est situé le village. Il s’en suit le pogrom du village représentatif de la « shoah par balles » qui précéda l’extermination industrielle mise en œuvre dans les camps nazis d’extermination. Mendele le moderne est alors tiraillé entre sa fidélité aux siens et son amoureuse. Les Allemands mettent fin à leur manière à la querelle des anciens et des nouveaux et c’est sur cet épilogue dramatique que se termine le long métrage.

Ce film intimiste se déroule entre ce pauvre village de masures en bois et la forêt attenante. Le noir-et-blanc est utilisé pour l’année du retour de Mendele au village et la couleur est réservée à la jeunesse des protagonistes, marquant sans doute ainsi la noirceur de cette année 1941. Réalisé par le franco-ukrainien Ady Walter, le tournage du film a été effectué en yiddish en Ukraine et a été perturbé par les bruits de bottes russes qui annonçaient l’invasion de février 2022, comme une tragique confrontation entre l’histoire et l’actualité. Le massacre d’israéliens commis le 7 octobre 2023 en Israël par le mouvement religieux Hamas est venu aggraver encore la funeste cruauté de la réalité, lorsque se mêlent les ambitions de pouvoir et la haine religieuse !