Les armes continuent de parler au Proche-Orient. Les combattants du Hamas, et sans doute aussi d’autres courants islamistes, se battent toujours contre l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Contre toute attente, ces mouvements armés arrivent encore à survivre et à causer des pertes à Israël dans une bande de Gaza aplatie par le tapis de bombes qui y est déversé depuis six mois.
Pour compléter sa guerre sur le terrain, Israël utilise aussi sa supériorité technologique contre les pays voisins soutenant plus ou moins ouvertement les Palestiniens. Une bombe précise a été lancée ce 1er avril contre une annexe du consulat iranien de Damas dans laquelle se déroulait une réunion de militaires iraniens de haut rang, et qui ne discutaient sans doute pas de la pluie et du beau temps… Il y aurait une quinzaine de morts dont la moitié d’officiers iraniens. Ces pertes ont été reconnues par Téhéran qui annonce une vengeance à venir. Tel-Aviv n’a pas revendiqué cette attaque sur le territoire syrien mais on voit mal quel autre pays aurait les moyens et intérêt à lancer une telle opération. Il s’agirait d’un bâtiment disposant d’un statut diplomatique ce qui équivaudrait donc à une attaque sur le territoire iranien, mais la question juridique est toujours en discussion car ce n’était pas le consulat mais une annexe de celui-ci. Il est vrai qu’en matière de statut diplomatique les Iraniens en connaissent un rayon après l’envahissement de l’ambassade américaine de Téhéran en 1977 et la prise en otages de 52 diplomates et civils américains, dont une quarantaine resteront prisonniers pendant plus d’un an. Au-delà de ces subtilités juridiques, le mieux pour ces officiers iraniens aurait sans doute été qu’ils soient restés chez eux.
On reste étonné de la qualité des renseignements israéliens qui indiquaient précisément l’heure, le lieu et le statut des participants à cette réunion, sans parler de la « précision » des armes employées qui ont permis de pulvériser le bâtiment en pleine ville sans dommages collatéraux excessifs. Pour être aussi précis ce sont certainement des renseignements qui viennent de l’intérieur des organisations iranienne ou syrienne, d’agents doubles donc.
Quelques jours plus tard un énième bombardement à Gaza tuait, entre autres, trois des fils du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, réfugié au Qatar et plusieurs de ses petits-enfants. Tel-Aviv affirme que les fils étaient engagés dans le terrorisme sans se prononcer sur le statut des petits-enfants. Depuis Doha M. Haniyeh a déclaré :
Je remercie Dieu pour l’honneur que nous fait le martyre de mes trois fils et de certains de mes petits-enfants.
Le Monde (11/04/2024)
Le sang de mes fils n’est pas plus cher que le sang de notre peuple.
On mesure par ces mots le niveau d’engagement quasi mystique des mouvements palestiniens, Hamas et assimilés, qui, probablement, rend vain même une victoire israélienne par les armes, encore loin d’être acquise d’ailleurs. En tuant ainsi des officiers iraniens dans une ambassade ou en ciblant la famille du chef du Hamas, Israël joue avec le feu sans être certain que ces actions guerrières servent ses buts. Face à la détermination renforcée des ennemis ancestraux on a de plus en plus de mal à se faire une idée de ce que pourrait être la paix au Proche-Orient A moins que de l’enfer n’émerge un jour l’espérance ?