Richard Malka est l’avocat historique de Charlie-Hebdo, depuis la relance de l’hebdomadaire en 1992. L’histoire judiciaire de Charlie ayant été assez chargée ces dernières années, l’homme est souvent apparu dans les médias, présentant une bonne tête, toujours souriant sous sa barbe blanchie de trois jours, posé et pédagogue. Il eut à plaider pour le journal satyrique en cour d’assises spéciale le 4 décembre 2020 après trois mois du procès, suite à l’assassinat dans les locaux de Charlie de 12 personnes dont 7 membres de la rédaction, qui fut ainsi décimée, par des terroristes islamistes français.
Ce livre de 98 pages est la plaidoirie telle qu’il l’avait écrite. Celle qu’il prononça fut un peu plus courte. C’est un plaidoyer intelligent et rationnel pour la liberté d’expression, même si celle-ci peut choquer les religions. Ce raisonnement est évidemment inaudible et incompréhensible par les bigots de tous ordres. Ceux de la religion catholiques ont attaqué l’hebdomadaire devant la justice française au sujet de dessins qui heurtaient leur sensibilité, ils ont perdu. Les bigots de l’Islam ont attaqué Charlie Hebdo avec des kalachnikov, 12 personnes ont été assassinées. Les deux terroristes ont été tués par les forces de l’ordre quelques jours après leur attaque.
Il n’est pas possible de convaincre des gens qui ne veulent pas l’être, surtout lorsqu’ils sont inspirés par Dieu dont le rationalisme n’est sans doute pas la première qualité. En ce sens la plaidoirie de Richard Malka n’aura servi à rien. Elle devait néanmoins être prononcée, comme ce procès exemplaire devait être tenu par la République, assise sur l’Etat de droit, la démocratie et les droits de la défense. L’occasion aussi de rappeler quelques prises de position ambiguës posées post-attentat par des personnalités comme Olivier Todt, le pape et quelques autres intellectuels de rencontre.
Il rappelle l’arrêt Otto-Preminger du 20 septembre 1994 de la Cour européenne des droits de l’homme :
« Ceux qui choisissent d’exercer la liberté de manifester leur religion, qu’ils le fassent en tant que membres d’une majorité ou d’une minorité religieuse, ne peuvent raisonnablement s’attendre à être exemptés de toute critique. Ils doivent tolérer et accepter le déni… Et même la propagation par d’autres de doctrines hostiles à leur foi. »
On ne saurait mieux dire.