Sortie : 2021.
Quel étrange parcours que celui suivi par Michel Onfray (né en 1959), philosophe qui se définit lui-même « libertaire et proudhonien » et qui réjouit les auditeurs de la radio France-Culture, des années durant, qui diffusait sa Contre-histoire de la philosophie qu’il enseignait à l’Université populaire de Caen. Il avait une vision plutôt hétérodoxe de la philosophie tout en se mettant à la portée d’un auditoire non spécialisé. On se souvient notamment de ses conférences sur la psychanalyse et ses descriptions ironiques des pratiques professionnelles de Freud et Lacan. Onfray est un moulin à paroles qui a la remarquable qualité de savoir exprimer sa pensée de façon claire. Il possède une connaissance véritablement encyclopédique de la philosophie depuis l’antiquité et la faisait partager dans le cadre de cette « Université populaire ». Il est par ailleurs à l’origine d’une production littéraire impressionnante.
Depuis la fin des années 2010 il se pique de politique, n’intervenant plus à l’Université populaire de Caen, diffuse ses idées sur les plateaux télévisés dont il est devenu bon client. Très critique à l’encontre des politiques suivies par les dirigeants français, de leur opposition et du concept européen, il publie la revue « Front Populaire » depuis mi-2020 où s’expriment différents intellectuels sur un sujet donné, la tendance générale étant à la critique et au conservatisme.
En prologue de ce numéro, Onfray met en exergue une phrase qui explique sans-doute sa conversion intellectuelle. Aurait-il abandonné ses utopies ?
L’idéalisme judéo-chrétien repris et augmenté par l’idéalisme marxiste-léliniste, sous couvert de matérialisme dialectique, voilà qui a failli. De part et d’autre, christianisme ou lélinisme, cette course à l’utopie a tué des millions d’hommes.
Ce numéro 4 sorti au printemps 2002 était consacré à l’immigration, avec plus ou moins de bonheur. On y lit des intellectuels qui réfléchissent à la question mais aussi des polémistes qui assènent des slogans en dévalorisant quelque peu la crédibilité de l’ensemble. Globalement la ligne éditoriale est plutôt de mettre en avant les effets délétères de « l’arrivée massive » de populations étrangères en France, avec nombre de raisonnements qui méritent d’être entendus, et d’autres un peu plus polémiques. Il est bon en tout cas que tout ceci puisse être écrit.