MERVIN Yves, ‘Joli mois de mai 1944 – La face cachée de la Résistance en Bretagne’.

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Sortie : 2013.

C’est un livre sur la résistance en Bretagne durant la seconde guerre mondiale qui a créé une polémique dans cette région à sa sortie. L’auteur raconte principalement les conflits internes qui ont vu s’affronter les FTP (Francs-tireurs et partisans), issus du parti communiste, et les FFI (Forces françaises de l’intérieur) d’inspiration plutôt gaulliste. L’auteur, manifestement anti-communiste, rappelle pour commencer la compromission de l’URSS, et donc des partis communistes affiliés dont le PCF (Parti communiste français), avec l’Allemagne nazi via le pacte germano-soviétique signé entre Ribbentrop et Molotov en 1939 avant qu’Hitler ne décide d’envahir l’URSS en juin 1941.

Ces changements de cap n’ont pas toujours été faciles à suivre dans les campagnes bretonnes sous occupation allemande. Ceci ajouté aux tendances criminelles de certains individus plus préoccupés de piller ou de régler leurs comptes villageois que de défendre la patrie, permet à l’auteur de clôre son ouvrage par une conclusion lapidaire qui a créé un peu d’émotion, on le comprend.

Le nombre de Bretons tués par la résistance […] serait au moins trois fois plus élevé que les Allemands disparus dans les combats. Cette proportion interpelle. Elle démontre que la Seconde guerre mondiale a été, en Bretagne, une guerre civile avant d’être une guerre de libération et que la résistance a été plus dangereuse pour les Bretons que pour les Allemands.

La résistance communiste, en Bretagne comme ailleurs, suivait les instructions du Parti avec pour objectif de prendre le pouvoir au sortir de la guerre, ce que le Général de Gaulle réussit à empêcher, mais ce qui créa nombre de malentendus, parfois sanglants, sur le terrain et dans les états-majors. Il n’est pas sûr que les dérives décrites soient particulières à la Bretagne.

Le livre est une longue narration de petits évènements documentés par M. Mervin qui a manifestement fait des recherches poussées dans les archives encore disponibles sur cette période trouble. Il évoque également le cas du nationalisme breton qui aurait pactisé avec l’occupant par rejet du centralisme français. Aujourd’hui encore bruissent des rumeurs et des menaces dans les villages bretons qui abritent les descendants des acteurs de cette époque.

La ligne choisie pour ce livre manque un peu de hauteur, d’une vue d’ensemble qui permette de mieux appréhender les enjeux de la résistance bretonne. C’est aussi la raison pour laquelle il a été si fortement contesté à sa sortie en 2013.