Au Proche-Orient rien de nouveau

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La guerre entre Israël et le mouvement palestinien Hamas continue sans que personne n’en voit vraiment la fin. Elle avait été déclenchée par suite de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël depuis la bande de Gaza « gouvernée » par ce mouvement. Le bilan a été de plus de 1 200 morts côté israélien, souvent dans des conditions barbares par la branche armée du Hamas mais aussi semble-t-il par des civils gazaouis qui se sont mêlés à la curée. Environ 250 otages israéliens avaient été ramenés à Gaza par le Hamas, une centaine ont été libérés à l’occasion d’une trêve, une trentaine seraient morts, il reste donc autour de 120 otages toujours disparus dont on ne sait pas trop combien sont encore vivants.

La guerre fait rage depuis le mois d’octobre dernier. Les autorités palestiniennes parlent de 40 000 morts depuis le début du conflit et sans doute encore bien plus de blessés. L’objectif de Tel Aviv est de « détruire » le Hamas mais il peine manifestement à l’atteindre malgré une supériorité militaire évidente. La force des bombardements de l’Etat hébreux à entraîné des destructions considérables, des mouvements de population désespérés pour fuir la violence et l’on a peine à imaginer quel pourrait être le futur à Gaza. Le plus stupéfiant est qu’après presque 10 mois d’une guerre féroce et très manifestement asymétrique du point de vue de la force militaire en faveur d’Israël, les combats durent toujours, des roquettes continuent à être tirées depuis Gaza vers le Nord, des soldats israéliens à se faire tuer et la centaine d’otages est toujours détenue par le Hamas, dans ces fameux tunnels ou ailleurs, sans avoir été libérée par la force ou la négociation.

Certes le Hamas doit être significativement affaibli sur le plan militaire, mais sans doute assez peu au niveau politique, voire renforcé, puisqu’il continue à refuser les conditions d’une nouvelle trêve. On apprend dans la presse que des délégations israéliennes et palestiniennes négocient par l’intermédiaire du Qatar, de l’Egypte, ou d’autres, sans trouver les bases d’un accord pour cesser les combats. Cela en dit long sur la prétention d’un but de guerre qui est de vouloir « détruire une idée ». Très probablement le Hamas, soit ne sera pas détruit, soit renaîtra de ses cendres sous une forme ou sous une autre pour continuer à combattre Israël, comme les Palestiniens le font depuis 1948, date de la création de l’Etat d’Israël.

A Tel Aviv les oppositions entre partis politiques vont également bon train sur ce qu’il faudra faire après la guerre : occuper Gaza, l’annexer, envisager une administration provisoire sous contrôle israélien, arabe, international ? Dans le reste du monde, le « Sud global » et leurs soutiens russes et chinois regardent avec plus ou moins de satisfaction l’Occident mené par les Etats-Unis d’Amérique s’enferrer dans le piège du soutien inconditionnel à Tel Aviv. En Occident même on s’écharpe sur la sémantique, le Hamas est-il « terroriste » ou « résistant » ? Les universités s’enflamment pour soutenir la Palestine, de Sciences-Po à Paris à Colombia à New-York. En France la gauche radicale a axé toute sa campagne des élections européennes du 9 juin sur le soutien à la cause palestinienne, parlant très peu de l’Europe ou de la France. La France insoumise (LFI) mit en avant et fit élire Rima Hassan, une avocate née en 1992 dans un camp palestinien en Syrie puis naturalisée française en 2010. Très médiatisée, toujours affublée d’un keffieh et auteure de tweets tonitruants sur les réseaux dits « sociaux » elle a choisi de mener son combat en faveur de la Palestine depuis la France et se sert de son appartenance politique à LFI comme tremplin pour le poursuivre, le renforcer et le populariser auprès de la frange de l’électorat français plus intéressée par ce qui se passe au Proche-Orient que par les déficits des finances publiques de la France.

Personne ne sait bien où tout cela mènera, mais ce qui semble à peu près certain c’est que l’on ne sortira pas de ce chaos qui dure depuis 1948 avec son cortège d’horreurs, de guerres terribles et d’actes de terrorisme sanglants. Avec un sens aigu de la propagande, le Hamas a réussi à exporter sa cause dans les pays occidentaux et même à jeter le trouble au sein de la classe politique israélienne. C’est un moyen comme un autre de ne pas tomber dans les oubliettes de l’histoire même si cela n’apportera pas de solution à court terme mais peut-être faut-il admettre que certains problèmes sont insolubles ?

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