Septembre 1966, à bord du croiseur De Grasse

A une suggestion que lui fait Alain Peyrefitte de dissoudre l’assemblée nationale, de Gaulle répond :

Quelle idée ! Les Français ne comprendraient pas. Nous ne sommes pas l’Angleterre. Il n’y a vraiment pas de raison d’écourter le mandat. La dissolution est une arme précieuse qu’il ne faut pas émousser. Pourquoi renvoyer une Assemblée où il y a une majorité et essayer de la remplacer par une Assemblée où il n’y en aurait peut-être pas ? L’opposition ferait sa campagne contre cette décision injustifiée. Elle pourrait bien entraîner la conviction des électeurs. Ensuite, je serais privé pendant un an de la capacité de dissoudre la nouvelle Assemblée. La Ve République, c’est la stabilité. La dissolution n’est faite que pour résoudre des crises.

Cette Constitution a été faite pour gouverner sans majorité. Je ferais appel, comme en 1958, à des hommes nouveaux, des techniciens, des spécialistes qui ne se soient pas compromis dans les luttes politiques, mais qui soient respectés pour leur compétence.

Vous me voyez choisir comme Premier ministre un chef de l’opposition ? Vous me voyez installer Mitterrand à Matignon ? Ça voudrait dire que la légitimité du gouvernement reposerait non sur celle du Président de la République, mais sur celle de l’Assemblée ! Ça voudrait dire qu’on retournerait à la IVe ! Non, non !


In « C’était de Gaulle » tome III, Alain Peyrefitte

Transmis au président Macron qui vient de dissoudre l’assemblée nationale dont la nouvelle composition est nettement moins favorable au parti présidentiel.