Le film documentaire de Mati Diop évoque la restitution d’œuvres d’art africaines qui avaient été prélevées à l’époque coloniale. La réalisatrice se qualifie elle-même « d’afrodescendante », née d’un père sénégalais et d’une mère française. Son film porte l’ancien nom de l’actuelle République du Bénin avec laquelle le processus de retour des œuvres est le plus avancé avec un premier lot de 26 pièces sur 7 000 qui seraient encore détenues en France.
Finalement cette question [la restitution] traverse mon travail. Mais aussi les films que j’ai réalisés à Dakar entre 2009 et 2019 s’inscrivent dans une démarche de retour. Un retour vers mes origines africaines, vers une part de moi-même trop longtemps ensevelie sous l’hégémonie de mon environnement occidental.
Mati Diop (dépliant « Dahomey » de l’AFCAE – Association française des cinémas art & essai)
La caméra suit la statue homme-oiseau du roi Ghézo depuis son emballage au musée du Quai Branly jusqu’à l’ouverture de la caisse au nouveau musée construit pour ce faire au palais présidentiel de la Marina à Cotonou. La statue parle d’une voix sépulcrale pour réciter un gloubi-boulga de proverbes africains et de considérations philosophiques de bazar. Plus intéressants sont les dialogues échangés dans un auditorium de l’université d’Abomey Calavi, rempli de jeunes discourant sur le thème de cette restitution. Certains crient au scandale que seulement 26 œuvres seulement sur 7 000 soient de retour au pays, d’autres rendent hommage au président béninois qui a lancé le processus, tous se plaignent d’une colonisation qu’ils n’ont pas connue, et de la France coupable de tous leurs maux.
Les sous-titres en français de la voix sépulcrale en langue fon sont en écriture inclusive, chacun se vautre dans la victimisation, le « décolonialisme » transpire de partout, la culture « woke » déborde sur le rivage de Cotonou. Quelques éléments historiques sur les royaumes du Dahomey, sur les personnages représentés par ces statues, sur la colonisation française dans ce pays auraient pu donner un peu plus d’intérêt à ce documentaire.
La bonne nouvelle est que la restitution des œuvres africaines détenues par la France a commencé. De la famille franco-béninoise Zinsou qui a initié ce retour, le film ne dit pas un mot.