Syrie : un barbu pour remplacer une canaille

La famille Assad trustait le pouvoir en Syrie depuis 1971 et le coup d’Etat mené par Hafez el-Assad (1930-2000). Son fils Bachar, 59 ans, a succédé à Hafez après sa mort en 2000, ce qui a été validé par un référendum. L’opposition islamique vient de renverser Bachar el-Assad qui a fui le pays et se serait réfugié en Russie. Le père et le fils ont globalement utilisé les mêmes méthodes pour asservir le peuple syrien et servir leurs intérêts familiaux. Le pays est une dictature d’un modèle sévère. Père et fils ont utilisé des armes chimiques contre leur propre peuple, ce qui est assez unique et dénote une absence totale de scrupules de cette famille. Les prisons syriennes sont réputées parmi les plus barbares de la planète. L’un et l’autre ont placé leur famille à la tête des intérêts économiques du pays où la corruption est érigée en mode de fonctionnement depuis des décennies. Les frères de ces présidents père et fils sont soit affairistes de haut vol, soit à la tête de gardes prétoriennes protégeant le pouvoir de la famille. Dans un domaine comme dans l’autre, ils ont agi sans pitié ni aucune humanité.

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Ils font partie de la communauté minoritaire alaouite, une branche du chiisme musulman dans un pays qui est majoritairement sunnite. Mais il apparaît que les alaouites qui occupent les postes clés dans l’armée n’ont que très peu combattu contre les rebelles qui viennent de conquérir le pays en une dizaine de jours. Sans doute ont-ils été démotivés par la fuite peu glorieuse vers Moscou de leur président ces jours derniers.

Tous deux n’ont négligé aucune méthode pour renforcer leur pouvoir. Hafez a accueilli et protégé à Damas le nazi Aloïs Brunner qui a été un des artisans de l’extermination des juifs sous le régime nazi. Brunner deviendra le conseiller de Hafez el-Assad en matière de sécurité et aurait formé les responsables des redoutables services secrets syriens. Bachar lui accepte le renforcement significatif de la présence militaire russe en Syrie qui était directement engagée contre les différentes rebellions qui agitent le pays depuis le début de la guerre civile en 2011 et qui aurait fait environ un demi-million de morts ainsi que des millions de déplacés, dans et en-dehors du pays.

Bachar el-Assad reçu à l’Elysée par Nicolas Sarkozy en juillet 2008

La France qui fut la puissance mandataire du Liban et de la Syrie jusqu’à la fin des années 1940 continue à vouloir s’ingérer dans la vie politique de ces deux pays en cherchant aveuglément à vouloir se rapprocher de cette famille sanguinaire. Le Président Jacques Chirac fut le seul président occidental à assister sur place aux obsèques d’Hafez en 2000. En 2008, Bachar fut reçu à l’Elysée par le président Nicolas Sarkozy. Et toutes ces amabilités ont été déployées malgré l’implication de la Syrie dans nombre d’opérations de terrorisme international ayant touché directement citoyens et intérêts français, dont l’assassinat de l’ambassadeur de France au Liban Louis Delamarre en 1981, ce qui n’empêcha pas Paris d’accueillir les membres de la famille Assad qui étaient déclarés persona non grata par Damas et se sont installés à Paris des années durant…

Les rebelles qui ont chassé le président Assad se réclament de l’islamisme. Leur chef est un ancien affilié du mouvement Al-Qaida responsable des attentats de septembre 2001 aux Etats-Unis qui a consisté à détourner et jeter quatre avions de ligne plein de passagers sur différents sites, dont les Twin towers de New York qui se sont effondrées causant environ 2 600 morts. Le groupe terroriste religieux s’est aussi particulièrement distingué par sa barbarie hors norme Le garçon qui aurait quitté Al-Qaida taille sa barbe d’un peu plus près désormais, mais on peut douter qu’il soit soudain devenu poète et démocrate. Il serait opportun que Paris attende un peu avant de le recevoir avec les fastes de la République. Il n’est d’ailleurs pas écrit que la famille Assad soit à passer définitivement par pertes et profits. Il reste la génération suivante. Qui sait si elle ne réapparaîtra pas un jour ?

Il est sans doute un peu prématuré pour se réjouir pour l’avenir de la Syrie. La « libération » est certes une première étape mais il est peu probable que le pays se remette avant plusieurs générations des dictatures et des guerres qui le déchirent depuis des décennies. Il est encore moins probable que si redressement il y avait il puisse être menée sous la direction d’islamistes.

La Syrie va devoir encore attendre pour retrouver la liberté, si elle y arrive un jour. Ce pays est le fruit d’une histoire millénaire, après tout c’est là que l’histoire occidentale a commencé il y a plus de 2000 ans. On parlerait encore l’araméen, la langue de Jésus, dans certaines parties du pays. Les Syriens ont su traverser l’Histoire et survivre à ses à-coups tragiques. Gageons qu’ils arriveront aussi à absorber ces 50 années de férule Assad.