Sortie : 2023, Chez : Editions Albin Michel.
Frédéric Lenoir, philosophe français né en 1962, un peu mondain sur les bords, a beaucoup travaillé et vulgarisé le sujet de la religion. Il fut même directeur de la rédaction du magazine Le Monde des Religions entre 2004 et 2013. Avec cet ouvrage grand public, « L’Odyssée du sacré » il revient sur l’émergence chez l’homme du besoin de religion. On a identifié au paléolithique les traces des premiers rites funéraires (-350 000 ans avant notre ère), puis le néolithique voit apparaître le culte des anciens avec la sédentarisation progressive des humains et leur maîtrise de la nature. Ils en viennent à concevoir un pouvoir supérieur qui domine cette nature. Au IVe siècle avant JC, les Grecs inventent leur panthéon des Dieux de l’Olympe, et le clergé qui va avec.
Le monothéisme caractérisé d’abord par le judaïsme est apparu et l’Homme a commencé à se pencher sur son bonheur, y compris post-mortem. La Genèse, premier chapitre de la Bible aurait été écrite vers le VIe siècle avant JC. Confucius, Lao Tseu, Bouddha et bien d’autres diffusent également leur spiritualité en Asie plusieurs siècles avant notre ère. Puis la mort de Jésus, le catholicisme, l’arrivée des différents courants de l’islam, le schisme entre catholicisme et orthodoxie, celui entre catholicisme et protestantisme.
L’arrivée de la modernité puis du « siècle des lumières » dans l’Europe du XVIIIe siècle vient apporter un peu de raison et d’esprit critique dans des idéologies religieuses plus gouvernées par des fables que par la réalité scientifique. Aux XIXe et XXe siècles émerge la critique matérialiste essentiellement incarnée par le marxisme qui prône « l’athéisme philosophique », ou Freud qui défend l’idée que « toute idée d’un monde divin est une croyance superstitieuse ». Les philosophes du XXe s’ils peuvent mettre en doute l’existence d’un Dieu ne rejettent pas pour autant « l’expérience spirituelle », qui peut être athée comme religieuse.
Ce parcours historique de la religion et de la spiritualité à travers les millénaires se termine sur l’émergence du transhumanisme de nos jours qui imagine l’homme bionique à l’intelligence boostée par les microprocesseurs et touchant à l’éternité.
Cette présentation du fait religieux dans le temps est intéressante en ce qu’elle retrace ce besoin de croire en une puissance supérieure qui pourrait répondre à la question existentielle du sens de la vie de l’origine de l’Homme sur terre. Hélas, aucune religion ni philosophie n’a pu apporter une réponse rationnelle à création de la vie ou de l’univers. Frédéric Lenoir en convient et, avec un bon sens apaisant, recommande de se satisfaire de « Prendre le temps d’aimer, de nous émerveiller, de vivre. Expérimenter le sacré en contemplant la beauté du monde ou d’un visage. » et regarder la mort « comme faisant pleinement partie de la vie, et, pour certains, espérer qu’elle ne sera qu’un passage vers un nouvel état d’être et de conscience. »
On ne saurait mieux dire !