Des méthodes journalistiques de caniveau

Le paysage télévisuel français (PAF) ne brille décidément pas par la vigueur de son professionnalisme. L’actualité récente multiplie les sujets, anecdotiques ou sérieux, sur lesquels la très grande majorité des journalistes ne brille pas par sa capacité d’analyse. En réalité, qu’il s’agisse de la disparition du « petit Emile », du budget de la République ou du sort judiciaire de M. Sarkozy ou de Mme. Le Pen, les rédactions se basent toujours sur deux outils : le sondage d’opinion et le micro-trottoir. Et lors des journaux télévisés ou des talkshows d’actualité les intervenants glosent en continu sur les résultats délivrés par ces deux outils. On demande à Mme. Michu : « Etes-vous pour l’augmentation des impôts ? » ou on lance un sujet sur un plateau avec un sondage : « 60% des Français sont contre ceci »…

Ce genre de « lancements » évitent aux animateurs titulaires de carte de presse d’étudier les dossiers sur lesquels ils interrogent le monde politique ou les experts de plateaux télévisés. Ils compensent leur absence d’analyse par les résultats des sondages. Qu’importe le manque d’éthique des questions ou le côté racoleur des sondages, puisque Mme. Michu pense ainsi c’est donc là-dessus qu’il faut débattre. Et les « experts » et les politiques devisent sur la position de Mme. Michu sans rentrer sur le fond des dossiers. Tout le monde semble se satisfaire de ces raccourcis.

On se demande ce qui est encore enseigné dans les écoles de journalisme ?

Rappelons que les journalistes qui déclarent des revenus en France, bénéficient d’une niche fiscale pour « frais d’emploi » leur permettant une déduction de 7 650 EUR de leurs revenus dont ne bénéficient pas les autres citoyens. Cette niche qui était destinée à assurer leur indépendance lorsqu’elle a été instituée, n’a plus vraiment de légitimité aujourd’hui. Elle reste malgré tout en vigueur et devrait être un gage de qualité et non de racolage.