Le département d’outre-mer français de Mayotte, sis dans l’archipel des Comores, au bout du monde dans le canal de Mozambique, entre Madagascar et le Mozambique, a subi en décembre 2024 les effets dévastateurs d’un cyclone baptisé Chido. Ce petit bout de territoire n’avait vraiment pas besoin de ça alors qu’il est déjà l’objet d’un sous-développement endémique et soumis à l’hostilité des Comores dont il fait géographiquement partie. E effet, celles-ci n’ont jamais admis que Mayotte n’ait pas été juridiquement incluse dans l’archipel des Comores lorsque celui-ci obtint son indépendance de la France dans les années 1970. Le contentieux entre la France et ces Comores est donc lourd et ancien, aggravé par les agissements de mercenaires de pacotille (Bob Denard et sa bande) que Paris a laissé plus ou moins fomenter des coups d’Etat dans ce micro-pays où il agit comme un proconsul avant que l’armée française ne mette fin à ces dérives en 1995.
Les deux iles qui composent Mayotte sont dans un état de pauvreté avancé et devenues la destination favorite d’émigrés comoriens qui, en traversant le bras de mer qui les sépare de Mayotte, espèrent se rapprocher des mirages de la richesse française, supérieure à celle de leur pays. Cette immigration hors de contrôle désorganise durablement le territoire de Mayotte et génère une délinquance soutenue. La situation de ces confettis se dégrade d’année en année et personne ne voit bien comment endiguer cette descente aux enfers.
La population de Mayotte serait de 330 mille habitants dont la moitié d’étrangers venant des Comores, une majorité d’entre eux étant en situation irrégulière. Mayotte n’a évidemment pas les moyens d’accueillir de tels flux de population, pas plus qu’elle n’est en mesure de les contrôler. L’hostilité historique, et compréhensible, des Comores rend par ailleurs difficile toute coopération en ce sens. La situation de Mayotte, et d’ailleurs de l’ensemble de l’archipel, rend vain tout espoir de développement économique.
Le cyclone Chido est dons arrivé sur une situation déjà explosive. Il semble qu’il eut finalement beaucoup moins de morts qu’initialement craint, au point que certaines rumeurs ont circulé comme quoi les immigrés illégaux, par nature peu ou pas répertoriés, auraient enterré leurs morts très rapidement, selon la tradition musulmane, et sans en informer les autorités d’où un bilan sous-évalué. Peut-être, en tout cas le bilan officiel fait état d’une quarantaine de morts. Une bonne partie de l’habitat local est composée de cabanes en tôles ondulées, façon bidonvilles, qui n’ont évidemment pas résisté aux vents cycloniques. Les habitats et infrastructures en dur ont aussi été sérieusement endommagée. Des écoles, des centres de santé, des routes, des ponts, l’aéroport ont été endommagés et il faudra des années pour tout remettre en état.
Les bidonvilles détruits étaient principalement occupés par des Comoriens immigrés, légalement ou pas. Les images de leur destruction sont impressionnantes. Le personnel politique français qui défile sur l’île dévastée explique que la France va reconstruire ceci, éliminer ceci, favoriser le développement économique pour que, enfin, Mayotte « soit traitée comme un véritable département français » et de prendre des engagements qui ne seront évidements pas intégralement tenus car ils ne peuvent tout simplement pas l’être.
Qui peut croire une seconde que les bidonvilles vont être remplacés par des logements sociaux en dur ? Envisage-t-on la moindre chance pour ce territoire de connaître même un ersatz de développement économique ? Qui va aller investir dans ce département sous perfusion financière de la métropole ? Peut-on penser que les flux migratoires en provenance des Comores éloignées de 50 km pourront être contrôlés tant que Mayotte sera française ? Et dans l’hypothèse improbable où la situation économique de Mayotte s’améliorerait cela ne ferait que renforcer son attractivité pour l’immigration comorienne.
La situation est inextricable et peu nombreux sont ceux qui osent le dire. La seule solution qui parait cohérente, et qui n’a jamais été testée serait l’ouverture de négociations avec les Comores sur la rétrocession de Mayotte à l’archipel. C’est d’ailleurs la solution préconisée par les Nations Unies qui maintient Mayotte sur sa liste des « territoires non autonomes ». Une telle hypothèse entraînerait un grave traumatisme pour la population française de l’île à qui il faudrait proposer de pouvoir rester français et la possibilité de s’installer en France métropolitaine si ses membres ne veulent pas rester sur place à l’issue d’une éventuelle réunification des Comores. C’est faisable, on parle de 200 mille personnes, mais cela demanderait une initiative de Paris que l’on voit mal menée par le personnel politique français actuel.
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En attendant, Mayotte continue à revendiquer son statut de « département français de plein exercice » que la métropole continue à être incapable de lui assurer, non seulement pour des raisons financières, mais surtout aussi pour des motifs culturels et de positionnement géographique dans un environnement qui rend très improbable tout espoir de développement économique. Toutes les lois « de programme sur le développement de Mayotte » comme celle en cours d’examen par le parlement français se heurteront aux mêmes obstacles que personne n’a réussi à abattre depuis les années 1970 et qui, au contraire, deviennent de plus en plus infranchissables.