L’histoire de « Jeju 4:3 » à la maison de la Corée – Cité universitaire

Dans le magnifique parc de la cité universitaire du XIVe arrondissement de Paris la maison de la Corée expose l’histoire du soulèvement de l’île de Jeju le 4 mars 1948, encore appelée « Jeju 4:3 », qui dura presque un an et fit 30 000 morts et entraîna la destruction de nombreux villages.

Après la seconde guerre mondiale, la Corée fut divisée en deux, le Sud est administré par les Etats-Unis et le Nord est laissé sous influence soviétique. En 1948 le gouvernement militaire américain se retire pour laisser la place à un président élu, plutôt du genre autoritaire. Les soviétiques refusent le principe de telles élections dans la partie Nordvqu’ils administrent.

L’île de Jeju située au sud de la péninsule va alors se révolter contre la partition du pays qui s’annonce, et qui dure encore aujourd’hui. Le 3 avril 1948 l’armée coréenne du sud réprime la révolte et fait des centaines de morts. La rébellion mêle des ressentiments des partis politiques et de la population post-guerre : ceux qui ont collaboré avec l’occupant japonais, les anti-communistes ou ceux qui, sincèrement, s’opposent à la division du pays. La « guerre froide » a commencé aussi en Asie. Les conditions de vie sont encore difficiles. L’armée sud-coréenne ne fait pas de quartiers et l’anticommunisme du gouvernement justifie nombre d’exactions, à Jeju comme ailleurs.

La Corée du Sud est une dictature militaire et la répression féroce du soulèvement de Jeju sera cachée durant 50 ans. Ce n’est qu’au retour de la démocratie dans les années 1990 qu’un travail historique fut mené en Corée du Sud pour reconnaître ce qui s’était passé. Des excuses officielles furent alors prononcées par le gouvernement.

A la sortie de l’exposition, une jeune femme coréenne s’incline devant le visiteur pour lui remettre un pin en forme de camélia rouge, symbole de la paix retrouvée à Jeju. Un flyer de l’œuvre « Waiting » du peintre Lee Myoug-bok est également distribué. Il représente une jeune femme devant la cascade de Jeongbang où furent massacrées 250 personnes. Il fait nuit et une pluie de camélias coule en plus de l’eau.

A day, a week, a month, a year have become seventy years and more.
Even today, her tearful eyes gaze upon the stream that pours out like weeping, like tears.

Un bon plat de Japchae Bap sauce soja au restaurant Comptoir Coréen intégré à la maison de la Corée permet de se persuader que la Corée du Sud a bien changé tout en restant dans l’ambiance locale.

Voir aussi : Paris – La Cité universitaire