Règlements de comptes en Syrie

Depuis le renversement en décembre 2024 du régime Al-Assad en Syrie un nouveau satrape dirige le pays, Ahmed al-Charaa. Celui-ci est issu du mouvement terroriste religieux Al-Qaïda dont il a appliqué l’idéologie mortifère durant la guerre civile syrienne, conflit interne qui est d’ailleurs loin d’être terminé. Depuis sa prise du pouvoir il essaye d’afficher une image plus lisse de sa personnalité ; il a coupé ses cheveux, ajusté sa barbe et porte des costumes-cravate sombres à l’occidentale. Son implication passée dans le mouvement terrorisme Al-Quaïda qui a été à l’origine d’une campagne de terrorisme d’une violence jamais vue, faisant des milliers de morts sur tous les continents de la planète, de l’effondrement des tours du World Center à New York en 2001 aux attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper-Cascher à Paris en 2015, devrait en faire un personnage indésirable à tout jamais.

Il n’en reste pas moins qu’il est arrivé au pouvoir à Damas et se retrouve à la tête d’un pays dans un état de décomposition avancée dans lequel les tribus, les factions, les communautés religieuses, les intérêts économiques s’affrontent violemment. Quelle-que soit l’idéologie que le nouveau président auto-proclamé compte mettre en œuvre il va lui falloir gérer ces antagonismes. Il est à craindre que les règlements de compte entre communautés soient inévitables. Depuis quelques semaines ce sont les Alaouites qui sont massacrés par les autres communautés. Cette branche du chiisme est minoritaire dans le pays, le clan Assad en était issu. Il eut été étonnant qu’après 50 années de dictature barbare menées par les Assad les Alaouites puissent reprendre leurs habitudes comme si de rien n’était et sans que le reste de la population ne leur demande des comptes… Les forces religieuses officielles soutien de M. al-Charaa seraient directement impliquées dans les attaques contre les Alaouites mais leur dirigeant appelle à l’apaisement. C’est hélas une étape souvent inévitable dans ce genre de situation. La France a elle-même eu à faire face à une épuration extra-judiciaire après la libération entre 1944 et 1945 qui aurait fait dans les 10 000 morts. Certaines estimations parlent de 100 000 victimes…

La pacification du pays ne sera pas facile après un demi-siècle de dérives sanguinaires. Les influences troubles de pays tiers, occidentaux comme arabes, dans le passé comme aujourd’hui ne vont pas faciliter cette tâche.

La France serait bien avisée de ne pas s’impliquer politiquement dans ce processus où il n’y a que des coups à prendre. Après le désastre des expériences Kadafi et Assad reçus avec faste par la République avant de devoir être combattus militairement par Paris via des coalitions internationales, il serait opportun à l’avenir de ne considérer la Syrie et ses nouveaux dirigeants qu’avec des pincettes. Ne pas oublier le passé des dirigeants devrait être un mantra de la politique étrangère française. On peut rétablir des relations diplomatiques avec la Syrie, participer à la reconstruction du pays et son accompagnement via les organisations internationales de l’ONU et assimilées, mais surtout pas s’impliquer directement.

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