Avenue Raphaël, séparée de la Muette par un agréable parc ombragé, les hôtels particuliers d’ambassades de pays improbables (République islamique d’Afghanistan, République du Surinam…) succèdent aux immeubles cossus de la bourgeoisie parisienne. Tous les bâtiments sont en retrait par rapport à la rue dont ils sont séparés par de larges trottoirs végétalisés sur lesquels cohabitent des rubans bitumés, l’un dédié aux « mobilités douces », l’autre aux piétons. Tout le monde a largement la place de circuler.
Les bonnes philippines surveillent des enfants blondinets qui s’amusent sur les équipements urbains de jeux installés dans la verdure. Des jeunes filles font leur jogging en baskets Dior avant de rejoindre leurs amis pour un brunch avenue Mozart. Les arbres étendent leurs branches centenaires sur l’ensemble, lui donnant un caractère éternel et apaisé.
Des immeubles modernes cassent un peu le style haussmannien qui reste majoritaire. Non seulement le trottoir est immense, mais les bâtiments ont aussi leurs propres espaces verts derrière des grilles en fer forgé. Tous, les anciens comme le plus récents, présentent une entrée de service sur le côté pour les fournisseurs ou le personnel de maison. Alors que les halls principaux d’entrée sont vastes et lumineux, généralement revêtus de marbre, les entrées de service sont étroites et modestes, donnant probablement sur des escaliers dédiés, eux-aussi « de service ».
Les traditions perdurent : dans les immeubles haussmanniens comme dans ceux construits il y a 20 ans, on prend soin de ne pas mélanger les torchons et les serviettes.