On se souvient que Laurent Wauquiez, l’éternel candidat malheureux de la droite, rejeté systématiquement par les militants de son parti, avait pris fait et cause pour les émeutiers lors de la révolte dite des « gilets jaunes » en 2018, n’hésitant pas à contredire au passage ses déclarations précédentes sur le « cancer de l’assistanat ». Le voici aujourd’hui qui se transforme en soutien des chauffeurs de taxi dans leur combat contre l’Etat. On apprend d’ailleurs à cette occasion que la majorité du chiffre d’affaires de cette corporation est constituée de fonds publics de la sécurité sociale qui les rémunère ainsi de leurs prestations de transports médicaux. Les négociations en cours entre l’Etat et les taxieurs portent sur des économies à faire sur le coût de ces prestations, économies dont bien entendu ne veulent pas entendre parler les chauffeurs arguant que c’est la fin de leur corporation si on baisse d’un centime leur rémunération. Nous sommes en France…
Les chauffeurs de taxi ont une capacité de nuisance significative puisqu’ils peuvent bloquer la circulation en défilant au ralenti en cortège aux volants de leurs voitures, et ne s’en privent d’ailleurs pas. Ils sont une corporation privée vivant majoritairement sur les fonds publics issus des cotisations sociales payées par les citoyens et les entreprises. Il ne devrait pas être impossible d’envisager une amélioration de leur productivité comme n’importe quelle entreprise ou organisation le fait tous les jours. On ne sait d’ailleurs plus vraiment où en sont les négociations mais on sait que la corporation est soutenue par Laurent Wauquiez grâce à une vidéo qu’il a commise et publiée sur Facebook.

Son contenu n’est pas d’un grand intérêt. L’élu de droite endosse l’argumentaire de la corporation. Il est instructif de lire les justifications avancées par celui qui aspire à être président de la République. Florilège :
Aujourd’hui les taxis sont colère [sic]…
https://www.facebook.com/watch/?v=3911641555814533&surface_type=vod&referral_source=vod_deeplink_unit
C’est une profession qui bosse et dans notre pays il y a suffisamment d’économies à faire sur ceux qui travaillent pas (sic) pour pas aller (sic) taper (sic) ceux qui travaillent…
Deuxième chose… pour faire des économies de bout de chandelle alors qu’il y a plein de gaspillages on va déstabiliser tout le parcours d’accompagnement de santé, aussi bien dans nos territoires ruraux que dans nos territoires urbains.
Comme tout le monde en France, on est toujours d’accord pour faire des économies, mais chez le voisin !
Il n’est pas sûr que ce genre de soutien soit très porteur d’avenir pour Laurent Wauquiez qui vient de se faire doubler par Bruno Retailleau pour la présidence de Les Républicains qui a ainsi pris un peu d’avance pour la candidature de ce parti à l’élection présidentielle de 2027. Wauquiez, comme nombre d’élus français, n’existe que par ses annonces de nouvelles dépenses publiques ou la défense de dépenses actuelles. On se souvient qu’il eut une attitude plus qu’ambigüe lors de la réforme des retraites visant à mettre fin à la croissance continue des déficits de financement du système français. Sa position, et celle de son parti, plutôt tiède à l’égard de la réforme a probablement fortement contribué à la chute du gouvernement Barnier en 2024 et au chaos institutionnel qui en a résulté.
Les électeurs et les militants « de droite » attendent sans doute des positions plus ambitieuses de ceux qu’ils portent à la tête de leur parti (leur « famille politique » comme on dit désormais). On peut imaginer que cette clientèle serait plutôt favorable à une maîtrise de la dépense publique, en tout cas moins défavorable que les électeurs « de gauche ». Mais même dans ce contexte favorable les élus de droite comme Laurent Wauquiez n’osent pas prendre leurs responsabilités et annoncer à leurs électeurs qu’il va bien falloir baisser les dépenses publiques !
C’est aussi l’une des marques de la déresponsabilisation générale du pays.