Iran-Algérie même combat contre la France

Le psychodrame franco-algérien qui dure depuis 1962, année de l’indépendance de ce pays, connaît ces derniers temps des épisodes plus dramatiques que psychologiques. Après la condamnation à cinq années d’emprisonnement de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, c’est un journaliste sportif français Christophe Gleises qui vient d’être condamné à sept années de prison alors qu’il menait une enquête sur un club de fouteballe kabyle dont le président est qualifié d’indépendantiste, donc terroriste, par les autorités locales.

Depuis la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara ex-espagnol, l’Algérie se déchaîne pour nuire à la France, son ancienne puissance coloniale. Il s’agit clairement d’une vengeance d’Alger qui n’a pas digéré cette prise de position en faveur du Maroc, son meilleur ennemi avec qui les relations diplomatiques sont rompues depuis 2021.

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On se demande d’ailleurs toujours pourquoi la France a pris parti alors qu’elle défendait jusque là la position neutre des Nations-Unies ? Il y a probablement eu des contreparties délivrées côté marocain. On espère qu’elles font plus que compenser les inconvénients générés par la dégradation des relations franco-algériennes. Il faudra faire le bilan dans vingt ans et, en attendant, le mieux serait que les citoyens français ne se rendent plus en Algérie pour le moment sauf en cas de nécessité absolue. Sans doute un reportage sur un club de fouteballe kabyle ne justifiait pas le risque pris par ce journaliste qui se retrouve en prison. Pas plus que le déplacement à Alger de Boualem Sansal, qui détient la double nationalité franco-algérienne, ne semblait indispensable.

L’Algérie a une forte capacité de nuisance à l’encontre de son ancienne puissance coloniale et elle l’exerce sans retenue. Il est peu probable que Paris renvoie la flotte comme en 1830 en réponse au « coup d’éventail (chasse-mouches) » asséné par le Dey d’Alger au consul de France alors qu’il lui réclamait le paiement des dettes françaises. Alors il faut faire avec, chercher à être efficace, et non pas sauter sur son fauteuil comme les « journalistes » des médias du groupe Bolloré criant vengeance. Le gouvernement algérien est malin et, parfois, pervers, sans doute soutenu par une bonne partie de sa population. On se souvient de l’interview donnée à L’Opinion en début d’année par le président algérien qui marquait sa parfaite connaissance du système politique français et de ses contradictions avec lesquelles il sait jouer avec malice.

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Il s’agit pour la France d’être plus maligne que lui sans utiliser ses propres armes réprouvées par le droit international que Paris s’enorgueillit de respecter, encore pour le moment. La voie est étroite, il y a des intérêts économiques et de population (environ 8 à 10% de la population en France serait d’origine algérienne, détenant la double nationalité ou uniquement algérienne) non négligeables. Pour le moment, il est approprié pour les citoyens français de ne pas faire de tourisme en Algérie, ou de reportages de fouteballe. Il reste bien d’autres endroits sur la planète plus accueillants pour eux.

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