« La colonisation française de la Corse » par Jean-Guy Talamoni

L’ancien président de l’assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, indépendantiste se cachant derrière l’étiquette « nationaliste » a prononcé un discours à la tribune de l’ONU le 20 juin 2024 dont il rend compte sur son site web : « La colonisation française de la Corse ».

Il y démontre juridiquement que la présence « française » en Corse présente toutes les caractéristiques d’une occupation coloniale : l’annexion sauvage avec « vision exterminatrice » des officiers chargés de la conquête au XVIIIe siècle, l’administration du territoire par « une entité politique extérieure [la France] », la conversion culturelle, dont linguistique, « d’un monde à l’autre » menée brutalement par l’instruction publique imposée par Paris, le développement économique déterminé par des « intérêts extérieurs », ceux de la puissance dominante, l’objectif démographique de noyer le problème corse sous un flot de nouveaux arrivants non Corses à qui l’on confie les commandes de l’ile au détriment des insulaires et la diffusion par le colon de l’ethnotype du « Corse fainéant » qui, avec le temps, a généré un sentiment d’infériorité.

Une fois ce constat effectué, son auteur est moins disert sur les solutions possibles pour sortir de l’imbroglio. Paris et ses gouvernements successifs sont rendus responsables de tous les maux du territoire et accusés de n’avoir pas « fait le moindre pas, réel et sérieux, en direction d’un règlement politique de la question corse ».

On comprend sans peine que l’abaissement culturel et moral des colonisés vise à conforter ces intérêts politiques et économiques en « légitimant » la domination… Tout cela est d’une grande cohérence, cohérence qui donne à la démarche coloniale son caractère systémique.

Le texte se réfère à la situation similaire de la Nouvelle-Calédonie. Il a été écrit avant les récentes évolutions de cette colonie du Pacifique qui envisagent la création d’une nationalité calédonienne au sein de la Nation française et des transferts de compétence importants de l’Etat français au quasi-Etat de Nouvelle-Calédonie qui resterait néanmoins dans la République française. Tout reste à faire. La Corse pourra s’inspirer de ce qui se passera entre Nouméa et Paris.

La Corse comme la Nouvelle-Calédonie sont des colonies « modernes » au sens où il y règne la démocratie et le droit de vote pour tous mais où les insulaires rejettent plus ou moins consciemment le rattachement à une « puissance extérieure » même s’ils en apprécient les avantages financiers. Elles sont une mine de difficultés, présentes et à venir, pour toutes les parties. Elles n’offrent que des avantages géopolitiques illusoires à la France.

L’objectif reste l’indépendance pleine et entière de la Corse et la Nouvelle-Calédonie mais celle-ci mettra du temps à intervenir, sans doute des générations. En attendant, la tâche de M. Talamoni et des siens est de convaincre les Corses de l’objectif d’une indépendance heureuse.

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