Les derniers mois ont été fertiles en « victoires » militaires israéliennes mais fort peu productifs en termes d’avancées vers une résolution du conflit millénaire qui ravage cette région. L’ingéniosité et la puissance de l’armée israélienne lui ont permis d’affaiblir considérablement les mouvements terroristes Hezbollah au Liban et Hamas dans la bande Gaza mais les soldats israéliens sont restés sur place à Gaza et les combats continuent. Des campagnes de bombardements ont été menées contre la Syrie et l’Iran, avec la participation des Etats-Unis contre ce dernier pays qui s’est défendu en tirant lui aussi des missiles sur le territoire d’Israël qui ont fait des morts.
Les réservistes israéliens sont mobilisés de façon quasi-permanente depuis deux ans et on se demande d’ailleurs quelle est l’ampleur des effets négatifs sur l’économie du pays. On imagine que l’allié américain fait les fins de mois de l’Etat d’Israël en plus de financer son approvisionnement en armes. Les colons israéliens de la Cisjordanie occupée profitent de cette atmosphère guerrière pour accroître leur mainmise sur ce territoire. A Tel-Aviv, les ministres extrémistes de la coalition gouvernementale proposent de profiter de la situation « favorable » pour Israël pour annexer la Cisjordanie et expulser les populations palestiniennes de la bande de Gaza vers une destination qui reste à déterminer. Le président américain avait proposé après son investiture en début d’année de transformer cette bande en riviera méditerranéenne en endossant l’idée d’une expulsion de ses habitants, sans plus déterminer le ou les pays qui accueilleraient les quelques deux millions d’habitants, ni, bien entendu, prendre en compte leur volonté à quitter leur terre…
Le cas de la bande de Gaza est particulièrement représentatif de l’imbroglio politique et militaire dans lequel est enfermé le Proche-Orient avec des effets dévastateurs sur les populations locales qui ont à déplorer des milliers de morts depuis le déclenchement de la guerre au lendemain des attaques terroristes contre Israël du 7 octobre 2023 et souffrent d’une très grave crise humanitaire. Après presque deux ans de guerre sur le terrain, des soldats israéliens continuent de tomber au combat et une cinquantaine d’otages (vivants et morts) sont toujours retenus à Gaza que l’armée de Tel-Aviv ne réussit pas à libérer. Des négociations pour un cessez-le-feu sont menées à Doha avec… le Hamas qui était supposé être détruit. L’embargo de ce territoire est quasi-total : les points d’entrée avec Israël sont fermés mais ceux aussi avec l’Egypte, ce que l’on a plus de mal à comprendre. On parle de famine et de pénurie de médicaments à l’intérieur de la bande alors que des centaines de camions attendent à l’extérieur pour délivrer des produits alimentaires et pharmaceutiques.
Israël et les Etats-Unis ont mis en place une organisation non gouvernementale (ONG) spécifique pour distribuer de l’aide qu’elle est seule habilitée à distribuer dans des zones au sud de la bande, ceci afin d’éviter la mainmise du Hamas sur la distribution et l’utilisation politique qu’il en ferait immanquablement. Alors des flots d’habitants se précipitent vers les lieux de distribution dans un chaos indescriptible, sous le nez des soldats israéliens qui occupent Gaza. Des escarmouches se déroulent régulièrement qui se traduisent par des tirs. Un millier de morts serait à déplorer depuis la mise en place de cette organisation, chiffre fourni par les autorités locales, celles du Hamas donc. On ne sait pas bien qui déclenche ces fusillades. Israël se justifie en avançant le comportement « menaçant » de certains réfugiés qui se rapprocheraient trop dangereusement de ses positions déclenchant ainsi leur riposte. On sait le Hamas capable de manipuler les populations pour les lancer à l’assaut des points de contrôle israéliens alors la seule réalité sur laquelle on peut s’appuyer pour le moment est l’existence de ces personnes tuées alors qu’elles viennent s’approvisionner.
Israël n’arrive pas vraiment à se sortir de la situation. Son gouvernement a choisi la guerre totale contre ses ennemis et cette politique est soutenue par les Etats-Unis d’Amérique. Les pays arabes qui craignent plus que tout l’extrémisme du Hamas et de ses mouvements affiliés, ainsi que celui de l’Iran, restent discrets sur les multiples conflits dans lesquels Israël est engagé. La voie est libre pour les jusqu’au-boutistes qui voient l’occasion rêvée d’accomplir la prophétie de l’ancien testament en étendant le « Grand Israël » du Jourdain jusqu’à la mer, le « pays où ruisselle le lait et le miel » promis par Moïse après l’exode du peuple juif d’Egypte où il était réduit à l’esclavage.
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La seule question qui vaille est de savoir si une telle politique est efficace pour amener la paix dans cette région et envisager, enfin, une cohabitation apaisée des pays qui la composent. On peut craindre que la réponse ne soit négative, d’autant plus quand certains envisagent calmement d’expulser les 2 millions d’habitants de la bande de Gaza, on ne sait où. La leçon de l’exode en 1948 de 700 mille Palestiniens après la défaite des forces arabes dans la guerre de 1948, dont on subit encore aujourd’hui les conséquences, n’a pas été tirée. Il est probable que les prochaines générations auront encore pour longtemps à gérer les suites de ce qui se passe actuellement au Proche-Orient qui n’est autre que la poursuite d’un conflit qui envenime les relations internationales depuis 80 ans, voire depuis 4000 ans.
C’est en ça que l’on peut conclure que la politique des parties engagées dans ce chaudron n’est pas efficace. Mais qui aura de meilleures idées ?