Les soldats français qui étaient encore présents au Sénégal sont en train de transmettre leurs implantations militaires aux autorités locales et d’évacuer ce pays d’Afrique de l’Ouest. Ce transfert se fait dans un cadre négocié et plus harmonieux qu’avec les trois pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina-Faso) qui ont mis dehors l’armée française pour la remplacer par l’armée russe.
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Après ce dernier mouvement de repli il ne restera quasiment plus de troupes françaises en Afrique de l’Ouest et centrale si ce ne sont quelques « formateurs » à l’importance symbolique. Pour le moment la France garde une base importante à Djibouti à côté d’implantations militaires américaines et chinoises qui lui ont fait perdre son « monopole ». Cette évolution fut majoritairement contrainte et forcée. Jusqu’à récemment Paris continuait à se complaire dans une position postcoloniale nuisible à tous. Les coups d’Etat qui se sont succédé au Sahel avec l’appui remarqué de la Russie ont amené au pouvoir des galonnés nationalistes qui ont mis fin plutôt brutalement à la coopération avec la France. D’autres anciennes colonies comme le Gabon et le Sénégal se sont inspirés de cette tendance pour la mettre en œuvre dans leur pays en y mettant un peu plus de forme.
Alors que se ferme la page de la présence militaire française en Afrique, 60 ans après l’indépendance des colonies africaines, les tensions sont à leur comble entre la Russie et l’Occident. Ce redéploiement des troupes françaises est finalement très bénéfique pour toutes les parties. Il entraîne certes une légère blessure d’égo pour Paris puisqu’il n’était pas souhaité par la France, mais les militaires ainsi rapatriés sont ainsi très avantageusement redéployés sur des fronts directement liés à la sécurité française et européennes, et non plus réduits à servir d’oripeaux à un néocolonialisme français hors d’âge. De toutes façons, même sans avoir été mise dehors, l’armée française aurait sans doute été obligée de réduire la voilure en Afrique pour pouvoir disposer d’effectifs sur le nouveau front chaud de l’Est de l’Europe. Le rejet de la France par certaines de ses anciennes colonies n’a fait que précipiter un mouvement qui était déjà écrit.
Il y a bien sûr quelques autres conséquences à cette situation dont certaines peuvent être considérées comme négatives. L’influence française sur ce continent est progressivement remplacée, parfois par l’influence russe ou parfois plus simplement par l’ouverture de ces pays au monde : Turquie, Emirats arabes unis… et c’est très bien ainsi. Il s’agit évidemment d’un déclassement pour la France qui perd un peu plus de son aura de « grande puissance », qui a déjà sérieusement pâli depuis plusieurs décennies. Les troupes françaises ne seront plus à disposition pour défendre des régimes, souvent fantoches, dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne furent pas très positifs pour le développement socio-économique des pays dont ils avaient la charge. Plus sérieux, l’armée française ne sera plus sur place pour intervenir rapidement afin de préserver le sort des expatriés européens en cas de guerre civile ou de coup d’Etat les mettant en danger et il n’est pas certain que les Russes soient disposés à se substituer aux Français en pareilles circonstances, on peut même être certains du contraire…
Il reste maintenant à planter le dernier clou dans le cercueil de la Francafrique avec l’extinction du dernier symbole d’une période qui n’est plus : le Franc CFA. Celle-ci a été décidée par les pays concernés, y compris la France, mais pas encore mise en œuvre tant elle nécessite un courage politique certain pour les pays qui adopteraient une nouvelle devise qui ne serait pas adossée à l’euro (via le soutien financier de la France).
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