La ministre de la culture Rachida Dati est au cœur de l’actualité. Tout d’abord judiciaire, puisqu’elle est soupçonnée de corruption et de trafic d’influence dans le cadre de contrats d’avocat qu’elle a signés avec des groupes industriels français pour lesquels les juges ont du mal à attester la réalité des prestations fournies pour des rémunérations qui elles ont bien été reçues. Elle est renvoyée devant le tribunal correctionnel à une date non encore déterminée.
Au plan électoral on connaît son ambition pour briguer la mairie de Paris aux élections municipales de 2026. Elle devrait probablement démissionner de son poste de ministre si elle était élue, voire même avant l’élection car il semble difficile de mener une campagne municipale en assurant en même temps un rôle ministériel. Suite à l’inéligibilité d’un député de la majorité prononcée par le conseil constitutionnel pour irrégularité dans ses comptes de campagne, une élection partielle est organisée dans la IIe circonscription de Paris qui couvre une partie des 6e, 7e et 7e arrondissements de Paris. Michel Barnier, 74 ans, éphémère premier ministre et haut-savoyard est candidat à ce poste avec l’appui de son parti Les Républicains (LR). Il se murmure qu’il aurait également des ambitions pour le poste de maire de Paris, voire aussi celui de président de la République. De quoi faire ombrage à Rachida Dati qui craint que si M. Barnier était élu député il puisse lui faire concurrence pour la mairie de la capitale… Alors elle vient d’annoncer qu’elle se présentera également à l’élection partielle pour s’assurer que Barnier échoue !
Vous suivez toujours ? Mme. Dati, ministre et maire du VIIe arrondissement de Paris, va se présenter à l’élection législative partielle de 2025 pour la IIe circonscription de Paris afin, croit-elle, de faire place nette pour sa candidature pour la mairie de Paris de 2026. Si elle était élue député en 2025 il lui faudrait alors démissionner de son poste de ministre, ou de député. Et si elle était ensuite élue maire de Paris en 2026 il lui faudrait également démissionner du poste précédent qu’elle aurait conservé. Cela en dit long sur la solidité de ses engagements : se faire élire pour 5 ans comme député et savoir déjà qu’on sera amené à démissionner pour un autre poste quelques mois plus tard.
On a là l’archétype de ces petits arrangements politiques qui découragent les citoyens français de se rendre aux urnes. Cerise sur le gâteau, Rachida Dati n’est pas vraiment en odeur de sainteté au sein de son parti LR qu’elle a quitté en 2024 pour accepter son poste actuel de ministre de la culture, puis réintégré le parti début 2025. Son agressivité naturelle lui a créé pas mal d’ennemis politiques dans son camp comme dans l’opposition. Son énergie est inépuisable mais ses convictions politiques semblent plus floues. Elle se présente résolument comme de droite et combat la gauche inlassablement. Issue de l’immigration marocaine, elle bénéficie de la double nationalité et a souvent été présentée comme un exemple de la réussite offerte par la République à ses citoyens méritants « issus de la diversité ». Elle agace beaucoup, vibrionne en permanence sur tous les médias, pour ses fonctions officielles comme pour ses affaires judiciaires, occupe la parole sur les plateaux télévisés et au conseil municipal de Paris où elle est en guerre ouverte avec la maire socialiste actuelle. Rien ne paraît très sincère chez elle, un peu comme la couleur de ses cheveux ou la chirurgie esthétique qui lui a transformé le visage.
Beaucoup d’élus ne seraient pas mécontents de la voir tomber. C’est peut-être ce qui va lui arriver bientôt face à l’ampleur des défis politiques et judiciaires qu’elle s’est elle-même fixés.