Les Etats-Unis se fatiguent de la guerre d’Ukraine

La guerre d’Ukraine bat son plein, la Russie reste ferme sur ses positions agressives et ne bouge pas d’un iota sur ses exigences de transformer l’Ukraine en une zone tampon entre elle et l’Europe pour envisager de commencer à discuter de cesser les combats. Bien au contraire, Moscou a envoyé il y a deux jours une salve d’une vingtaine de drones et missiles sur la Pologne. Il est peu probable qu’il s’agisse d’une erreur vu le nombre d’aéronefs en question. Ils n’étaient a priori pas explosifs. Certains ont été abattus par des chasseurs polonais et néerlandais loin à l’intérieur du territoire polonais mais il semble que la majorité n’a pas pu être détruite, ce qui est moyennement rassurant quant à l’efficacité de la défense aérienne des forces de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique nord) chargées de défendre l’Europe)…

Depuis son intronisation au début de cette année le président des Etats-Unis essaye, avec un peu de dilettantisme, de mettre fin à cette guerre. Les résultats sont plutôt modestes devant le refus de tout compromis exprimé par la Russie qui développe le même rationnel depuis 2014 : l’Ukraine est une province de la Russie. Les différents envoyés spéciaux américains, et jusqu’au président Trump lui-même qui vient de recevoir son alter-ego russe sur un tapis rouge déployé sur le territoire américain en Alaska, se sont heurtés au même mur infranchissable de la volonté russe malgré des concessions assez significatives que les Etats-Unis se sont montrés prêts à faire à Moscou… au nom de l’Ukraine à qui on n’a guère demandé son avis.

Ce matin le président Trump a publié une lettre sur son réseau dit « social ». Il rappelle son mantra dans cette affaire à savoir que cette guerre n’aurait jamais été déclenchée en février 2022 s’il avait été président et il qualifie ce conflit de « guerre de Biden [son prédécesseur] et Zelensky [le président ukrainien] ». Il ne fait pas mention de la Russie qui est tout de même le pays dont l’armée a franchi la frontière de l’Ukraine. C’est la vision du patron de la Maison Blanche et d’une bonne partie de ses électeurs. Ils ont le droit de défendre cette position. Hélas, elle va à l’encontre des valeurs et systèmes sur lesquels l’Europe s’est construite depuis la fin de la IIe guerre mondiale. Les positions bougent et il va bien falloir en tenir compte, à défaut d’être en position de faire valoir les aspirations européennes à la démocratie et l’Etat de droit, sujets qui deviennent bien minoritaires dans le monde !

Par la voix de leur président, les Etats Unis mentionnent dans cette lettre qu’ils sont prêts à envisager de nouvelles sanctions contre Moscou pour tenter de favoriser la fin du conflit si les pays de l’OTAN cessent d’acheter du pétrole russe et s’ils imposent des droits de douane de 50 à 100%. Il faut bien dire qu’il y a du bon sens dans ces demandes. Il semble qu’il subsiste encore des achats d’uranium russe par des entités américaines mais il n’en est point question dans la missive trumpiste.

Quoi qu’il en soit, les exigences russes comme américaines accentuent la position de faiblesse l’Europe, démunie face à deux ogres sans foi ni loi. On a du mal à imaginer un sursaut possible, militaire et politique, des capitales européennes face aux ambitions impériales russes et au repli des Etats Unis. Il nous est quand même permis de l’espérer en étant réalistes sur l’ampleur les sacrifices qu’il faudra consentir pour recouvrer un niveau de puissance suffisant pour faire reculer les ogres !