JENNI Alexis, ‘Miscellanées du Quai d’Orsay’.

Sortie : 2024, Chez : Les Editions du Sonneur.

Alexis Jenni (62 ans), écrivain prolixe, récompensé du prix Goncourt pour son premier roman en 2011, « L’Art français de la Guerre », commet ici un essai léger sur le ministère français des affaires étrangères, le « Quai d’Orsay », décrivant de l’intérieur ses méandres et ses couloirs, ses poètes-ambassadeurs et ses espions et, surtout, ses traditions nées à une époque où la France était une grande puissance qui participait à l’organisation diplomatique de la planète. Un temps désormais révolu…

« Le Quai » à la tête de plus de 170 ambassades et représentations dans autant de pays et d’institutions multilatérales gère aussi des kilomètres-linéaires d’archives sur lesquels s’entassent les traités et les accords fruits d’un passé glorieux, mais avec parfois quelques trous. C’est ainsi que l’on apprend que le Traité de Versailles original qui mis fin à la Ière guerre mondiale a littéralement disparu. Mis à l’abri en province au début de l’occupation allemande de la IIe guerre mondiale il a quand même été déniché par les occupants qui l’aurait rapatrié à Berlin où il n’a jamais été retrouvé. Peut-être a-t-il brûlé avec la ville en 1945, peut-être a-t-il été récupéré par les troupes soviétiques et archivé par le NKVD (ancêtre du KGB/FSB) et ressortira un jour ? L’histoire le dira, la diplomatie est un art du temps long.

Elle est aussi surtout un art de la négociation utilisé pour essayer d’éviter aux gens de mourir au combat.

Le problème dans les conflits, c’est que tout le monde a ses raisons, que chacun croit aux siennes et ignore celles de l’autre. Plus l’affrontement est violent, militarisé, mortel, et plus les raisons de chacun sont étanches… à la raison. Un conflit armé est toujours chargé d’imaginaire, de passions, d’irrationnel, lesté aussi du poids d’une mémoire historique, et du compte des souffrances supplémentaires issues du conflit lui-même.

Avec le retour des guerres impériales en ce premier quart du XXIe siècle le temps des diplomates semble s’éloigner au profit de celui des armes, mais après tout Talleyrand (1754-1838) ne réussit-il pas à sauver les intérêts de la France au congrès de Vienne (1814-1815) qui consacre une nouvelle organisation de l’Europe sous Louis XVIII après la première abdication de Napoléon face aux Empires anglais, prussien, autrichien et russe.

Tout n’est pas perdu, l’heure des diplomates reviendra bien un jour et la France dispose d’un outil diplomatique expérimenté qui pourra s’avérer utile si elle arrive à le conserver.