Alors que les discussions parlementaires se poursuivent à l’assemblée nationale sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 l’article 45 bis proposé par le gouvernement a été soumis au vote. Il s’agit d’entériner la suspension de la réforme des retraites 2023, augmentant progressivement l’âge légal de départ en retraite et la durée de cotisation nécessaire. Ce vote est symbolique car il n’entrera en vigueur que si l’ensemble du PLFSS est adopté dans son ensemble d’ici le 31/12/2025. Si ce n’était pas le cas, la suspension de la réforme des retraites ne serait pas effective.
La suspension de cette réforme, même si elle n’était qu’éphémère, a une signification politique importante. C’est un retour en arrière inédit dans l’histoire contemporaine de la République et c’est un échec personnel pour le président de la République qui avait fait de cette réforme l’alpha et l’oméga de son deuxième mandat, après avoir échoué à la mener au cours du premier, pour causse de cris sanitaire de la Covid.
Cette suspension aurait été négociée avec le parti socialiste (PS) pour obtenir son engagement de ne pas censurer le gouvernement. Socialistes et partis du centre étaient donc censés faire adopter cette suspension, qui l’a finalement été avec :
- Les voix du Rassemblement national
- Les abstentions de la grande majorité du partie présidentiel (exceptés trois anciens ministres, MM. Woerth et Ferraci, ainsi que Mme. Panosyan-Bouvet qui ont voté contre).
- Les voix du Parti socialiste
- Quelques abstentions de Les Républicains mais une majorité de votes contre, dont tout l’état-major
- Les votes « pour » des écologistes et des démocrates
- Le vote « contre » du parti Horizons de l’ancien premier ministre Edouard Philippe
- Les voix « contre » de la gauche propalestinienne de La France Insoumise (LFI)
A l’issue de tout ce méli-mélo de suffrages en sens contraire et d’abstentions la suspension de la réforme des retraites a été adoptée. Elle ne fait qu’annoncer une prochaine réforme qui sera rapidement nécessaire tant les contraintes démographiques, et donc financières, la rendent incontournable.
La nation décidera alors si elle veut faire financer ses retraites par l’impôt ou par le travail ou par l’ajustement du niveau de tout ou partie des pensions, ce qui pourrait être rendu nécessaire en cas de crise grave sur les finances publiques françaises. Le mistigri est ainsi refilé aux candidats à l’élection présidentielle de 2027 qui devront s’en dépatouiller. Une telle élection n’est généralement pas très propice aux débats de fond tant la démagogie à courte vue prend généralement le pas sur la réflexion. Mais les électeurs français l’ont voulu ainsi en élisant une chambre tripartite.
Voir les votes en détail
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/scrutins/3684
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