Lobbies contre efficatité économique

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Avec constance la presse à sensation assène ses jugements à l’emporte-pièce sur la politique, aussi vides de réflexion que remplis d’approximations, les hebdomadaires affichent des titres vengeurs et racoleurs, les tweets crétins de la classe politique déclassent leurs auteurs. Il s’agit d’appliquer sur l’électeur-consommateur les mêmes recettes commerciales qui permettent de vendre des barils de lessive à Mme. Michu : répéter en boucle des messages simplistes, en quelques signes seulement, dont l’essentiel n’est pas tant le contenu que la répétition obsessionnelle : « le gouvernement n’a pas de cap » ou « la droite a augmenté la dette publique de 600 milliards pendant son quinquennat », etc. etc.

Les donneurs de leçons n’hésitent devant aucune contradiction, accusant pêle-mêle le pouvoir en place de céder à tous les groupes de pressions (bonnets rouges, pigeons, poussins, Leonarda, etc.) et de ne pas écouter les revendications du peuple (impôts, rythmes scolaires, etc.). C’en est risible d’absence de réflexion et de populisme.

En fait la France est difficilement gouvernable du fait du jeu des corporatismes, des intérêts particuliers, des copinages et des lobbies ; bref, du fait de la perte totale de sens de l’intérêt général. Chaque fois qu’un gouvernement a essayé un grand soir des réformes il a du s’incliner devant la colère du peuple et renoncer à ses projets : l’école publique en 1984, la réforme des retraites en 1995, le contrat premier emploi (CPE) en 2006…
La gestion budgétaire à l’anglo-saxonne fait rêver certains économistes. Aux Etats-Unis : coupes automatiques des dépenses publiques édictées par la Loi, fermeture de pans entiers de l’administration fédérale pour non-accord parlementaire sur le niveau de la dette ; au Royaume-Uni : licenciement de centaines de milliers de fonctionnaires depuis 2008. Le déficit public français lui se réduit lentement du fait d’un mix d’augmentation des recettes et de baisses des dépenses. La conséquence est que le retour à la croissance en France est plus lent qu’ailleurs, comme le choc de la crise a été plus amorti que chez nos voisins.

Les méthodes énergiques n’ont pas cours en France et nous en sommes tous responsables. Le gouvernement actuel (comme les précédents) a pris acte de cette inertie et procède par petites touches. Il a a priori renoncé à une grande réforme fiscale, pourtant nécessaire, mais qui fera forcément des gagnants et… des perdants. La capacité de nuisance des futurs perdants fait reculer.

Quand on voit que le lobby du cinéma a réussi en septembre dernier à faire renoncer le gouvernement à l’augmentation du taux de TVA sur les billets qui auraient fait augmenter le prix de 20 ou 30 centimes, on prend conscience de l’ampleur des blocages sociétaux de notre pauvre nation. Et on ne parle même pas du lobby des taxis parisiens et de bien d’autres. Ni même de la réforme des niches fiscales que tout le monde appelle de ses vœux du moment que l’on commence… par la niche du voisin !

La vraie question est de savoir comment l’Etat doit affronter les lobbies. Faut-il faire dans la pédagogie ou la brutalité ?