Nous nous demandions récemment qui allait devoir payer pour que les émeutiers cessent d’imposer leur chaos à la majorité. Le président de la République a donné la réponse hier soir à l’occasion d’une conférence de presse : ce sont nos enfants qui paieront pour maintenir notre niveau de vie d’aujourd’hui. Différentes mesures de baisses des dépenses publiques prises depuis deux ans sont annulées, de nouvelles dépenses sont annoncées et des impôts doivent baisser. C’est le cocktail classique en France depuis des décennies pour les sorties de crises sociales (le dernier budget de la nation voté en équilibre remonte à 1974) qui explique la situation tendue des finances publiques : on augmente les dépenses et on baisse les recettes, le résultat est explosif. C’est comme à la maison : la dette augmente.
Les bonnes résolutions sur la réduction des déficits et du niveau de dette sont jetées aux oubliettes, il est fort peu probable que les engagements électoraux du président vis-à-vis de ses électeurs comme de nos partenaires financiers de la zone euro puissent être tenus. Et comme il va bien falloir payer, et bien la République va emprunter des sous et nos enfants les rembourseront…
La première série d’annonces en décembre pesaient déjà une dizaine de milliards d’euros en année pleine, celles dévoilées hier ajoutent une autre dizaine, on en est donc maintenant à 20 milliards d’euros à distribuer pour arrêter les émeutes et acheter le calme social. Il n’est d’ailleurs pas sûr que l’objectif soit atteint tant les revendications des émeutiers sont irrationnelles. Une revue des « niches fiscales » dont bénéficient les entreprises devraient être lancées mais en excluant les deux principales que sont le crédit impôt recherche (CIR) et le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Il y a sans doute assez peu de chance qu’une révision à la baisse des niches résiduelles permette de financer 20 milliards. Les méthodes habituelles devraient donner les résultats attendus : la dette publique va augmenter.
Les discours lénifiants sur les effets bénéfiques de cette injection de fonds publics sur la croissance sont évidemment servis, Keynes expliqué à Mme. Michu, mais on connaît maintenant les limites de cette tactique qui consiste à dépenser d’abord puis réformer ensuite, et la seconde étape passe toujours aux oubliettes bien entendu. C’est le drame financier de la France, qui continue !