A Khartoum au Soudan, un dictateur au pouvoir depuis des décennies, Omar Al-Béchir, accusé entre autres joyeusetés de génocide et crimes contre l’humanité au Darfour (300 000 morts), est déposé par un quarteron de galonnés de son entourage, par suite de manifestations populaires. Les traitres semblent un peu indécis sur ce qu’ils doivent faire de ce nouveau pouvoir sur un pays dévasté par la guerre, le clanisme, la corruption, la misère, les chefs de bande et la (très) mauvaise gouvernance. Alors ils font ce qu’ils ont toujours su excellement faire : ils lâchent leurs sicaires sur la foule amassée en attente d’improbables réformes. Il y aurait « quelques » centaines de morts.
Le chef de l’ONU en appelle à :
« L’importance de défendre les droits de l’homme de tous les citoyens et de continuer à donner la priorité au dialogue en tant que moyen de régler les différends en suspens. Il souligne aussi la nécessité d’éviter toute forme de violence qui pourrait compromettre la sûreté et la sécurité des citoyens ainsi que la stabilité du pays ».
Onu Info
Evidemment, l’ONU ne peut guère dire autre chose dans ces circonstances, mais de telles déclarations face à la situation de ce pays prêterait à rire s’il ne s’agissait d’une histoire sans fin de massacres et de prévarication ; probablement tout ce que l’Humanité compte de plus mauvais au XXIème siècle.
Rappelons que le Soudan a été récemment scindé en deux Etats distincts en 2011 où le Soudan du Sud (chrétien) est désormais à la frontière sud de la République du Soudan (musulman). Assez rapidement après sa création, le Soudan du Sud, dernier Etat officiellement reconnu par l’ONU, a sombré dans une nouvelle guerre civile plus ou moins terminée en 2018.
Khartoum, capitale de la République du Soudan vit sous le régime de la charia islamique et a servi de camp de base du terrorisme islamique à la fin du siècle dernier. Aujourd’hui il continuerait d’attiser l’islamisation violente dans tout le Sahel y compris, au premier chef, en République Centrafricaine, pays dont il est frontalier et qui fait également face depuis des décennies à une guerre civile et ethnique, à laquelle s’est ajouté l’élément religieux relativement récemment.
C’est à Khartoum que le terroriste vénézuélien Carlos s’était réfugié après avoir été chassé de Damas. Il y avait été enlevé par les services secrets français avec plus ou moins l’assentiment des autorités soudanaises. On n’ose même pas imaginer le type d’arrangement qui a pu être pris par ces deux Etats. A ce jour, Carlos est toujours emprisonné en France où il a été condamné à perpétuité à deux reprises.
Bref, la République du Soudan va avoir du mal à s’extirper de ce passé sanglant et, le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’est pas encore vraiment engagée sur le long fleuve tranquille de la démocratie !