Eternelle antienne de la politique française : on est d’accord pour réformer du moment que c’est le voisin qui paye ! Le projet de réforme systémique des retraites françaises percute de plein fouet ce refrain : « il faut augmenter les prestations dont je bénéficie mais diminuer les cotisations que je paye ».
Le débat actuel entre les parties est probablement sans issue tant chacune campe sur ses positions partisanes. La mauvaise foi est de mise, les idéologies sont au programme. Et de toute façon personne ne peut vraiment anticiper ce que sera l’équilibre, ou le déséquilibre, financier des retraites au-delà des cinq à dix années à venir… Le système des retraites c’est de l’assurance, il y a donc des cotisations qui rentrent et des prestations qui sortent. Sur le long terme il faut que les unes et les autres soient grosso-modo du même montant. Ce n’est pas le cas en France et nos retraites sont également financées par l’impôt pour environ 30%), et donc les contribuables, car notre République ne sait pas équilibrer dépenses et recettes.
Ce que l’on peut prévoir avec une probabilité relativement élevée c’est que les prestations dépasseront les cotisations sur encore les dix prochaines années, que la retraite soit calculée en annuités ou en points, avec un régime universel ou un multi-systèmes. Il y aura donc des déficits à combler, et donc de l’argent nouveau à trouver ou des prestations à diminuer. L’une des façons « élégantes » de faire c’est d’augmenter progressivement la durée de cotisation, en gros, travailler plus longtemps ce qui évite de trop baisser les rentes en faisant augmenter les cotisations non pas sur les taux mais sur la durée. Financièrement cela revient au même, politiquement pas tout à fait. C’est ce qui se pratique depuis 1983, année au cours de laquelle l’âge de départ en retraite a été ramené de 65 à 60 ans suite à la première alternance de gauche de la Vème République. Depuis, la France revient progressivement vers cet âge de 65 ans mais il s’agit bien entendu d’une « provocation » pour tous les syndicats ouvriers. De leur côté, les syndicats patronaux approuvent.
Au-delà, les questions de méthodes des systèmes de calcul, la vérité vraie qui fait peur est que pour éviter une baisse trop visible des pensions il va falloir continuer à reporter la date de départ en retraite à taux plein. Et ce, au moins pour une génération. Au-delà, personne ne sait bien ce que sera la conjoncture de l’emploi (s’il y a moins de chômeurs, il y a plus de cotisants, si les rémunérations moyennes augmentent, les cotisations vont suivre la même direction, et vice-versa). Le nouveau système proposé, s’il était mis en œuvre, devrait permettre un ajustement permanent des pensions versées, à la hausse comme à la baisse. Cela aussi fait peur.