“Business as usual” en Syrie

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Et pendant ce temps on continue à réprimer gratis en Syrie. Il semble la politique du clan au pouvoir commence à énerver, même ses plus fidèles soutiens. Différents pays arabes diffusent des communiqués s’émouvant des pratiques en cours du régime de Damas. La minorité alaouite (proche du chiisme) et plus particulièrement la famille El Assad sont allés assez loin, peut-être au-delà du point de non-retour, bien à l’abri derrière la position clé de leur pays au Proche-Orient qui bloquera toute intervention militaire des armées occidentales déjà bien suffisamment engluées sur différents fronts et déficits budgétaires.

Quelques réprimandes orales de ses pays frères ne dissuadent pas vraiment les chars de l’armée syrienne de poursuivre le rétablissement de l’ordre à leur manière. Si malgré tout les manifestants arrivaient, seuls, à faire plier le pouvoir, il est probable que pas grand monde ne pleurerait la famille Assad qui a trempé dans la majorité des opérations terroristes mondiales de la deuxième moitié du XXème siècle. Il est aussi à craindre que le président, ses frangins, ses cousins et ses copains ne passent un mauvais quart d’heure s’ils ont un jour des comptes à rendre à la justice populaire de leur pays qui risque d’être d’un genre plutôt expéditif à leur encontre. Le clan Assad étant du genre avisé, il a sans doute déjà du préparer ses arrières et un exil doré quelque part si jamais les choses tournaient vraiment mal. Il suffira juste de fuir à temps. A cet égard l’ex-président tunisien fut un excellent modèle à suivre qui a mis la poudre d’escampette juste au moment où il était lâché par ses soutiens militaires internes et par Michèle Alliot-Marie. Il a sans doute évité ainsi des décennies de geôles.

Le monde, ancien et nouveau, attend de voir de quel coté va tourner le vent pour orienter la girouette. C’est prudent. L’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil envoient une délégation à Damas pour tenter d’adoucir le patron qui rappelle son « …engagement envers le processus de réforme, dont l’objectif est d’ouvrir la voie à une démocratie multipartite… » et bla-bla-bla, et bla-bla-bla.

Les pays émergents, voire émergés, se drapent toujours derrière le voile de la non ingérence dans la politique intérieure d’un pays tiers pour, globalement, ne pas réagir outrageusement. Ils n’ont pas aimé que des années durant les pays développés donneurs de leçon les escagassent avec des cours de démocratie et de gestion, ils essayent, pour le moment, de ne pas en faire autant, et surtout de ne pas mêler leurs voix à la cohorte des pleureuses occidentales.

Puissances déclinantes et puissances montantes vont bien arriver un jour à se retrouver sur le terrain d’une conception à peu près partagée de la gouvernance d’un Etat et la façon de traiter ses citoyens. Soyons optimistes, il y a plutôt convergence sur ces sujets depuis la chute de l’Union soviétique. Et d’ailleurs si les Chine, Brésil et autre pays de cet acabit veulent véritablement devenir des puissances mondiales il faudra bien qu’elles se résolvent un jour à exporter leur puissance, à participer à des opérations armées, onusiennes ou pas, bref, à prendre position. Le pouvoir en notre bas monde n’est malheureusement pas qu’une question de balance commerciale excédentaire.