NEMIROVSKY Irène, ‘Suite française’.

Sortie : 2004, Chez : Editions Denoël.

Irène Némirovsky (1903-1942), née à Kiev, émigrée en Finlande puis en France en 1918 pour fuir la révolution bolchévique, issue d’une famille aisée de confession juive, fut déportée et assassinée à Auschwitz en novembre 1942, de même que son mari quelques mois plus tard.

Ses parents se refont rapidement une bonne situation matérielle en France et Irène se qualifie elle-même comme « une noceuse et une bosseuse » durant les années folles à Paris. Entre fêtes parisiennes et séjours à Nice ou à Biarritz, elle s’essaye à l’écriture et rencontre un certain succès avec des romans le plus souvent tournés vers le monde juif et la Russie. En 1941, alors que les lois anti-juives entrent en application en France, elle commence « Suite française » qui restera un roman inachevé qu’elle n’aura pas le temps de terminer avant sa déportation dont son certificat de baptême ne la sauvera point. Le manuscrit fut miraculeusement sauvé par ses deux filles qui furent cachées par des « justes » après l’arrestation de leurs parents et échappèrent ainsi à la barbarie. Le livre paraîtra finalement en 2004, date à laquelle son auteure recevra le prix Renaudot à titre posthume.

La première partie du roman raconte l’exode de familles parisiennes en juin 1940 alors que les armées allemandes sont aux portes de la capitale. Gens de peu, grands bourgeois, intellectuels… tout le monde se bouscule sur les routes pour fuir « les boches ». On y retrouve tous les travers et qualités d’une population française en plein désarroi. Il n’est pas toujours aisé de rester digne dans cette débâcle. Certains y réussissent, d’autres compromettent.

La seconde partie narre la vie d’un petit village sous occupation allemande. La encore ce n’est que mélange de résistance, de vieux réflexes bons et mauvais et de collaboration active ou passive. C’est toujours la comédie humaine mais dans un environnement tragique. Les personnages de la première histoire se retrouvent dans la seconde. Et puis les allemands quittent le village pour rejoindre le front russe puisque l’opération Barbarossa a été déclenchée en juin 1941. Et le roman inachevé s’achève ici…

La description d’un genre humain éternel par Irène Némirovsky est frappante de réalisme et, sans doute, de vécu. Elle appréhende tous les sentiments de ses congénères pour les retranscrire d’une façon douce dans ce roman qui pose toutes les contradictions du genre humain.

En annexe sont publiés des notes de l’auteure prises pour l’écriture de ce roman ainsi que des courriers échangés avec ses éditeurs, dont la correspondance adressée après son arrestation par son mari pour tenter de la faire libérer, sans succès, et avant qu’il soit lui-même arrêté.